mardi 12 janvier 2016

Rebecca - Daphné du Maurier

Par Ariane


Auteur : Daphné du Maurier
Titre : Rebecca
Genre : roman
Langue d’origine : anglais
Traducteur : Anouk Neuhoff
Editeur : Albin Michel
Nombre de pages : 544p
Date de parution : mars 2015

Présentation de l’éditeur :

Une longue allée serpente entre des arbres centenaires, la brume  s’accroche aux branches et, tout au bout, entre la mer et les bois sombres, un manoir majestueux : Manderley, le triomphe de Rebecca de Winter, belle, troublante, admirée de tous. Un an après sa mort, son charme noir hante encore le domaine et ses habitants. 
La nouvelle épouse de Maxim de Winter, jeune et timide, pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
Immortalisé au cinéma par Alfred Hitchcock, le chef-d’œuvre de Daphné du Maurier a fasciné depuis sa parution plus de trente millions de lecteurs à travers le monde. Comme Les Hauts de Hurlevent ou Jane Eyre, Rebecca est devenu un des mythes de la littérature.

Paru pour la première fois en France en 1940, le livre est ici présenté dans une nouvelle traduction d’Anouk Neuhoff qui restitue toute la puissance d’évocation du texte originel et en révèle la noirceur et la complexité dramatiques.



Mon avis :

Depuis ma lecture de Manderley for ever cet été, l’excellente biographie de Daphné du Maurier par Tatiana de Rosnay, j’avais très envie de relire ce roman que j’avais tant apprécié lorsque je l’avais lu. Et dès les premières lignes je me suis plongée avec délices dans l’univers de Manderley.

Est-il besoin de revenir sur la trame si connue de ce roman ? Allez, juste pour le plaisir ! La narratrice, jeune dame de compagnie d’une riche américaine, s’ennuie à Monte Carlo lorsqu’elle rencontre Maximilian de Winter, un homme charismatique et plus âgé dont elle tombe rapidement amoureuse. Tout aussi rapidement celui-ci la demande en mariage et après quelques semaines de lune de miel, la jeune épouse découvre enfin Manderley le domaine de son époux. Mais rapidement, le souvenir de Rebecca, l’épouse disparue de Maxim, vient hanter la nouvelle épouse.

Le personnage de Rebecca est absolument fascinant. Il faut un véritable talent d’auteur pour conférer autant de profondeur à un personnage qui n’est qu’une ombre dont le souvenir plane sur la maison et ses habitants. La narratrice, jeune fille timide et empotée, fait bien pâle figure en comparaison. Pourtant, au fur et à mesure du récit, la jeune fille portée par l’amour pour et de son mari, devient femme et affronte le souvenir de Rebecca.

Je trouve particulièrement intéressant le choix de Daphné du Maurier d’avoir choisi de ne pas nommer sa narratrice. Celle-ci est anonyme, et cet anonymat s’oppose à la forte présence de Rebecca, dont le prénom semble hanter tous les esprits. Cet anonymat suggère au départ l’insignifiance de la jeune épouse, mais très vite le prénom de Rebecca semble devenir aussi oppressant que les rhododendrons de l’allée.

J’ai été particulièrement séduite par le style de Daphné du Maurier, auquel la traduction rend toute justice. Ses descriptions des paysages, des personnages et de leurs caractères, des petits gestes du quotidien sont excellentes. Elle construit une ambiance de plus en plus oppressante et pesante, une tension portée notamment par le personnage de l’inquiétante Mme Danvers.

Pour autant ai-je vu une différence avec l’ancienne traduction de Denis von Moppès ? Sincèrement non. Il faudrait sans doute pour cela que je relise cette première traduction pour faire la comparaison. D’ailleurs, je me demande quelles sont les fameuses 40 pages coupées alors, car pour moi il n’y avait rien de trop dans ce texte et je n’ai pas repéré de passages me semblant nouveau par rapport à ma première lecture. En fait, dans mes souvenirs le roman était déjà d’une exceptionnelle qualité et je n’ai pas eu le sentiment que cette nouvelle version en révélait « la noirceur et la complexité dramatiques » qu’il possédait déjà selon moi. 
J'ai fini 2015 par un coup de cœur, je commence 2016 avec un autre ! 



Extrait :

« Il ne m’appartenait absolument pas, il appartenait à Rebecca. Il pensait encore à Rebecca. Il ne m’aimerait jamais à cause de Rebecca. Elle était toujours dans la maison, comme l’avait dit Mme Danvers, elle était dans cette chambre de l’aile ouest, elle était dans la bibliothèque, dans le boudoir, dans la galerie au-dessus du vestibule. Même dans le petit local aux fleurs, où pendait encore son imperméable. Et dans le jardin, et dans les bois, et là-bas dans le cottage en pierre sur la plage. Ses pas résonnaient dans les couloirs, son parfum subsistait dans l’escalier. Les domestiques obéissaient à ses ordres, les plats que nous mangions étaient ceux qu’elle aimait. Ses fleurs préférées emplissaient les pièces. Ses vêtements étaient dans les armoires de sa chambre, ses brosses sur la coiffeuse, ses mules sous le fauteuil, sa chemise de nuit sur son lit. Rebecca était toujours la maîtresse de Manderley. Rebecca était toujours Mme de Winter. Je n’avais absolument rien à faire ici. »


Lu dans le cadre des challenges Un pavé par mois, A year in England et Petit bac (ligné thématique classique, catégorie prénom)


 

12 commentaires:

  1. C'est un roman fascinant que j'ai adoré lire et relire...

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  2. un roman dont j'avais tellement un bon souvenir que je n'ai pas hésité à acheter cette nouvelle traduction

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  3. Je l'ai lu moi aussi il y a des années, et je ne savais pas qu'une nouvelle traduction existait. Tu me donnes envie de rafraîchir mes (excellents) souvenirs de ce roman...

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    1. Cela fait du bien de redécouvrir des romans que l'on a aimé.
      Ariane

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  4. Une relecture, bien sûr, au départ je me demandais...
    J'ai relu ce roman récemment mais en VO, donc ne peux me prononcer sur la traduction

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    1. Tu as de la chance de pouvoir lire en VO. Mon niveau d'anglais n'est pas assez bon pour pouvoir profiter d'une lecture dans le texte.
      Ariane

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  5. Je l'ai relu au moins deux fois, mais je n'ai pas cette nouvelle traduction.

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    1. Je ne suis pas tout à fait convaincue que cela change quoique ce soit.
      Ariane

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  6. J'ai les 2 exemplaires entre les mains et la différence est importante. Je préfère l'ancienne traduction.
    L'apparition en particulier de la maison me plait davantage dans l'ancienne version. Tout y est plus fluide et plus cohérent. Par exemple dans la nouvelle traduction juste avant l'apparition de la maison on y lit "La longueur du trajet commençait à me porter sur les nerfs..." p115... Peut-être est-ce une traduction plus "actuelle" ?? Difficile de savoir si c'est un rajout ou si c'est plus proche de la version originale en anglais que je n'ai pas (mais que je vais acheter pour comparer). Disons que j'ai du mal à me représenter la narratrice se disant "La longueur du trajet me porte sur les nerfs" ...d'autant plus que l'auteur installe dans cette partie le mystère, le calme inquiétant et l'enchantement qui se mêlent le long du sentier qui mène à la maison grâce à la nature et aux sons environnants. Question de goût peut-être. J'aime mieux l'ancienne traduction.

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    1. L'ancienne traduction était contemporaine du roman, peut-être correspondait-elle mieux à l'atmosphère ? Je n'ai pas fait de comparaison, mais mon questionnement concernant les fameux passages coupés perdure. 40 pages ce n'est pas rien tout de même ! Les as-tu repérées ?

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