mardi 10 décembre 2019

L'âge de la lumière - Whitney Sharer

Par Ariane


Auteur : Whitney Sharer
Titre : L’âge de la lumière
Genre : roman
Langue d’origine : anglais
Traductrice : Sophie Bastide-Foltz
Editeur : L’observatoire
Nombre de pages : 448p
Date de parution : août 2019

Présentation de l’éditeur :
Paris, 1929. Lee Miller, une jeune américaine, débarque à Paris.
Mannequin, belle comme le jour, elle rêve pourtant de passer derrière l’objectif, animée d’une seule passion, d’une unique obsession : la photographie.
Presque par hasard, Lee attire l’attention de May Ray, illustre photographe gravitant dans le Montparnasse  surréaliste de Dalí et sa bande d’extravagants artistes. Mais pour Man Ray, Lee demeure la muse par excellence. Entêtée, la jeune femme réussit le convaincre de lui donner sa chance. Elle deviendra l’assistante, l’élève, puis l’amante du grand photographe. Dans l’intimité de la chambre noire, leur art et, très vite, leurs corps se lient et s’unissent. Mais alors que Lee se révèle une artiste hors pair, Man, jaloux maladif et génie égocentrique, ne peut bientôt plus supporter l’ascension de celle à qui il a tout appris.
Des cabarets du Paris bohème aux champs de bataille d’une Europe déchirée par la Seconde Guerre mondiale, de la découverte de techniques de photographie révolutionnaires à l’immortalisation de la libération des camps de concentration, Lee Miller s’impose comme une artiste absolue, une femme hors du commun.

Mon avis :
Après Frida Kahlo et Diego Rivera, je découvre l’histoire singulière d’un autre couple d’artistes. Man Ray. Lee Miller. Ces noms font surgir quelques images dans mon esprit. La photo d’une femme dans une baignoire. Des yeux et des larmes comme des perles. Pas grand-chose en somme.
De l’arrivée de Lee Miller à Paris, jusqu’à la rupture avec Man Ray, Whitney Sharer s’est intéressée au couple formé par les deux artistes, leur association artistique et leur relation passionnelle. Mais de passionnelle, la relation de Man et Lee devient progressivement destructrice.
Au-delà de cette histoire d’amour c’est avant tout la personnalité de Lee Miller qu’elle nous raconte. Une belle femme, consciente de sa beauté, qui n’hésite pas à s’en servir au besoin. Mais surtout une femme bien décidée à ne pas être qu’une belle femme. Car Lee Miller est brillante, talentueuse et déterminée. La femme que nous présente Whitney Sharer n’est pas toujours sympathique, mais elle dégage un charme puissant et quelque chose de touchant.
Très beau portrait de femme, ce roman nous offre aussi une plongée dans le milieu artistique parisien des années 30. Ce n’est pas une période qui m’intéresse beaucoup et je ne suis pas fan du surréalisme. J’ai tout de même apprécié cette immersion qui m’a permis d’apprendre pas mal de choses sur le tout Paris artistique de l’époque.
Quand on lit deux romans sur des thèmes proches on ne peut s’empêcher de les comparer. Et celui-ci a souffert de la comparaison avec Rien n’est noir de Claire Berest. Cela tenait peut-être à la personnalité des artistes plus qu’à leur histoire ou qu’à l’écriture des autrices, mais il y avait une puissance et une fougue dans le roman de Claire Berest qui m’avaient particulièrement plu.

Extrait :
« Ce qu'elle cherche avant tout, c'est cet instant où l'évidence s'impose, où la décision doit être prise. Elle veut créer des moments et les saisir sur la pellicule, saisir l'expérience en train de se vivre, la sensation d'être vivant. »

«Les premières notes s'élèvent à peine que la scène est prise d'assaut par les danseurs. Cette fois encore, Lee est transportée. C'est la plus pure expression de l'émotion : des sentiments qui s'incarnent, comme inscrits dans les corps. Ah, ces corps ! Lee adorerait les photographier. Rien que les os, le tissu conjonctif visible sous la peau, comme si elle devait voir de quoi ils sont faits. Lee voudrait les prendre en photo devant les décors d'Antonio, les muscles apparaissant en relief sur les panneaux de soie. La fermeté de leurs corps la fascine et, quand ils se meuvent, Lee pense aux douleurs causées par la danse, aux pieds des ballerines, écrasés dans leurs chaussons et qui leur font si mal quand elles sont sur les pointes, aux mollets puissants des hommes entourés de bandages. Et à son propre corps, mou, en comparaison. A l'exception de ses mains, à la peau sèche, desquamée, qui se sont durcies dans la chambre noire. Elle souhaiterait épaissir, voir son corps devenir un cal à force de travailler. Lee voudrait être quelqu'un qui se dépense, qui essaie des choses. Elle ne veut pas être molle. »

4 commentaires:

  1. C'est une photographe que j'apprécie et elle n'a pas manqué de courage. Pourquoi pas s'il me tombe sous la main.

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    1. Si tu apprécie son travail et la personne, alors pas de doute, ça devrait te plaire.

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  2. Des lectures très en lien avec les artistes, en ce moment.

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    1. Deux lectures sur ce thème, il en manque une pour respecter le dicton

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