samedi 22 août 2020

Entre fauves - Colin Niel

Par Ariane



Auteur : Colin Niel

Titre : Entre fauves

Genre : policier

Langue d’origine : français

Editeur : Rouergue

Nombre de pages : 352p

Date de parution : septembre 2020

Mon avis :

Premier coup de cœur du prix des lectrices de Elle avec ce roman noir qui prend aux tripes et aborde des thèmes qui m’intéressent particulièrement.

Martin est garde au parc national des Pyrénées. Amoureux de la nature et des animaux, il désespère chaque jour un peu plus devant l’état du monde, l’inertie et l’hypocrisie des pouvoirs publics dans la disparition d’espèces menacées et ce sentiment s’aggrave encore depuis que Cannellito, le dernier ours pyrénéen semble avoir disparu.

Appoline est étudiante, jeune fille sans histoire, cadette d’une famille bourgeoise. Mais elle partage avec son père une passion peu commune pour la chasse et notamment la chasse au trophée… Pour son vingtième anniversaire son père lui offre un cadeau peu commun : une chasse au lion en Namibie.

Kondjima est le fils d’un éleveur, il vit dans son village de Namibie et espère bien épouser la belle Karieterwa. Lorsque leur troupeau d chèvre est décimé par un lion, le jeune homme y voit l’occasion de prouver sa valeur pour être digne de celle qu’il aime.

Entre ces trois personnages, il y a Charles, le lion. Animal magnifique autant que dangereux, prédateur devenu proie. En découvrant une photo de la jeune chasseuse à côté du corps ensanglanté du fauve, Martin va se laisser envahir par la colère qu’il rumine depuis des années.

Je suis époustouflée du talent d’écrivain de Colin Niel que je ne connaissais pas jusqu’ici. Alternant une certaine lenteur, calée sur l’observation de la nature et l’affût des chasseurs à des passages plus enlevés, rythmés par l’angoisse et le combat pour la survie, le récit ne souffre d’aucun temps mort. On passe des Pyrénées à l’Afrique, de la montagne au désert, d’un personnage à l’autre. Certains n’aiment pas ce type de narration, c’est au contraire quelque chose qui me plaît, permettant de redonner du souffle à l’histoire et de découvrir différents points de vue. Chose rare, Colin Niel a su rendre ses personnages très humains, y compris ceux, ou plutôt celle, qu’on aurait envie de détester. C’est très intelligent de sa part de ne pas avoir cédé à la facilité du manichéisme. Ces personnages nous obligent à nous interroger sur notre propre rapport à la nature, mais difficile de s’attacher à eux, ils sont trop humains pour cela !

Car en effet, au-delà de l’histoire elle-même, ce roman policier pousse à la réflexion. Kondjima et Appoline sont tous deux déterminés à tuer le lion, pourquoi les motifs de l’un seraient plus légitimes que ceux de l’autre ? Et surtout, si l’on trouve de la légitimité à l’abattage du lion par les paysans dont il dévaste les troupeaux, alors on devrait aussi trouver légitime l’abattage de loups ou d’ours par les éleveurs de nos montagnes… Au final, l’animal est toujours la victime de la bêtise, de l’ignorance et de la prétention de l’homme. Mais surtout de son instinct de tueur...

C’est par les réseaux sociaux que Martin a découvert la photo d’Appoline et du lion. Et récemment, de nombreuses affaires de ce type ont fait les gros titres. Des chasseurs fiers de leurs massacres postant leurs photos sur les réseaux sociaux se sont retrouvés livrés à la vindicte populaire. Insultés, harcelés, menacés. L’horreur de leurs actes justifie-t-elle cet acharnement ? La condamnation populaire est réelle bien que leurs actes soient légaux. Là est peut-être le problème…
Mais sinon, vous ne le trouvez pas magnifique le lion de la couverture ? Ce regard, ce port de tête... Majestueux ! 

J’ai dévoré ce livre avec un grand plaisir, à tel point que j’ai craqué et emprunté à la médiathèque un autre roman de l’auteur. Comme si ma PAL avait besoin de ça !


8 commentaires:

  1. Un auteur que je me promets de découvrir tôt ou tard ..

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    1. Je n'ai aucun point de comparaison avec ses autres livres mais celui-ci mérite d'être découvert.

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  2. Alors moi j'avais découvert Colin Niel avec Comme les bêtes que j'ai adoré, notamment le contexte sociétal extrêmement bien reproduit. Je vais certainement lire celui-ci qui a l'air d'être sur la même ligne. Ça commence pas mal ton aventure, dis-donc :-)

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  3. Je pourrais copier le commentaire de Nicole, Comme les bêtes m'a beaucoup plu, marquée même, et j'aime à le recommander !

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    1. Je pense le lire prochainement, mais mon programme est déjà pas mal rempli entre le mois américain et la rentrée littéraire !

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  4. J'ai également connu la plume de Colin NIEL en lisant "Seules les bêtes" que j'ai dévoré! Je vous recommande aussi la série guyanaise qui est excellente. Dépaysement et aventures garantis!

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  5. Bonsoir Ariane, après ses polars qui se passent en Guyane, puis Seules les bêtes, ce romancier se renouvelle bien. J'ai noté ce polar. Merci pour ce billet. Bonne soirée.

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