mardi 26 novembre 2019

L'indésirable - Sarah Watters

Par Ariane

Auteur Sarah Waters
Titre : L’indésirable
Genre : roman
Langue d’origine : anglais
Traducteur : Alain Defossé
Editeur : Denoël
Nombre de pages : 720p
Date de parution : août 2010

Présentation de l’éditeur :
Au hasard d'une urgence, Faraday, médecin de campagne, pénètre dans la propriété délabrée qui a jadis hanté ses rêves d'enfant : il y découvre une famille aux abois, loin des fastes de l'avant-guerre. Mrs Ayres, la mère, s'efforce de maintenir les apparences malgré la débâcle pour mieux cacher le chagrin qui la ronge depuis la mort de sa fille aînée. Roderick, le fils, a été grièvement blessé pendant la guerre et tente au prix de sa santé de sauver ce qui peut encore l'être. Caroline, enfin, est une jeune femme étonnante d'indépendance et de force intérieure. Touché par l'isolement qui frappe la famille et le domaine, Faraday passe de plus en plus de temps à Hundreds. Au fil de ses visites, des événements étranges se succèdent : le chien des Ayres, un animal d'ordinaire docile, provoque un grave accident, la chambre de Roderick prend feu en pleine nuit, et bientôt d'étranges graffitis parsèment les murs de la vieille demeure. Se pourrait-il qu'Hundreds Hall abrite quelque autre occupant?

Mon avis :
Après avoir lu L’étreinte de glace et La maison du marais, j’avais envie de  poursuivre cette incursion dans ce type d’univers. L’ambiance manoir anglais et fantôme, ça me parle bien ! Aussi ai-je fouillé ma longue, très longue, liste de livres à lire à la recherche du livre idéal. J’ai jeté mon dévolu sur ce titre se Sarah Watters, qui certes est beaucoup plus récent et qui dont l’intrigue se déroule dans les années 40, mais l’ambiance est bien celle que je cherchais.
Lors d’une fête organisée à Hundreds Hall en 1919 pour les villageois, le jeune Faraday avait été fasciné par la grande demeure et la famille Ayres. Peu de temps après la fin d’une autre guerre mondiale, c’est en tant que médecin qu’il franchit à nouveau les grilles du manoir. Appelé au chevet d’une domestique, il découvre une demeure qui tombe en ruine. Ruine qui menace aussi la famille Ayres. Touché par la détresse de la famille, Faraday se rapproche d’eux et se rend vite indispensable, alors même que surviennent d’étranges évènements.
Ainsi donc, ce roman était tout ce que je cherchais à ce moment là ! Sarah Watters part d’un grand classique du genre, la maison hantée, mais décline savamment une intrigue prenante et pleine de fausses pistes. On se perd en conjectures. Que se passe-t-il réellement à Hundreds Hall ? Un fantôme ? Un poltergeist ? Qui alors ? Ou la folie ? Une hystérie collective ? Tout est possible et l’on passe d’une certitude à l’autre, la tension va crescendo, d’autant plus que tout est suggéré, subtil. Lugubre au départ, la vieille maison semble prendre vie et devenir de plus en plus oppressante.
Au-delà de l’aspect fantastique de l’histoire, on peut également s’intéresser à l’aspect social de celle-ci. En 1919, la famille Ayres est riche et influente, leur train de vie opulent, la maison magnifique fourmille de domestiques. A peine trente ans plus tard, la famille est en plein déclin et doit se séparer de ses terres pour survivre. Roderick, maître de maison depuis la mort de son père est obligé de travailler à la ferme, tandis que sa sœur Caroline gère la maison épaulée par une jeune bonne, effectuant les mille et un travaux auparavant effectués par une armée de domestiques. Le temps des grandes familles est terminé, vient désormais celui des entrepreneurs comme Bab qui construit un lotissement sur les anciennes terres de la famille ou des nouveaux bourgeois, comme le docteur Faraday, homme du peuple, qui se rapproche de plus en plus de la famille, chose impensable quelques décennies plus tôt.
Une très bonne lecture à conseiller aux inconditionnels de Rebecca !

Extrait :
« J'avais dix ans quand je vis Hundred Halls pour la première fois. C'était l'été qui suivit la guerre, les Ayres possédaient encore presque tout leur argent et demeuraient des gens importants dans la région. »

« J'allai de nouveau observer les trois marques de brûlures : je me rendis soudain compte qu'elles étaient semblables aux cicatrices que Rod portait au visage et aux mains. Comme si la maison se couvrait de ses propres cicatrices, peut-être en réponse à sa tristesse et à sa colère - ou bien à celles de Caroline ou de sa mère -, en réponse aux chagrins et désillusions de toute la famille. Cette pensée était horrible. Je compris soudain ce que Caroline voulait exprimer quand elle disait que les marques sur les murs et les meubles lui faisaient froid dans le dos »

« Nous sommes là devant une situation encore plus étrange que l'hystérie. C'est comme si...ma foi, c'est comme si quelque chose aspirait lentement la vie de cette famille.
-Sans aucun doute! fit-il avec un nouvel aboiement de rire. Et cette chose s'appelle Gouvernement Travailliste. Le problème des Ayres -ne croyez-vous pas - c'est qu'ils ne peuvent pas ou ne veulent pas s'adapter. Comprenez-moi bien: j'ai beaucoup de compassion pour eux. Mais que reste-il pour une famille comme la leur dans l'Angleterre d'aujourd'hui? Du point de vue social, ils sont fichus. Et d'un point de vue nerveux, ils sont peut-être en bout de course. »

6 commentaires:

  1. Je n'en avais lu qu'un, que j'avais bien aimé. Une ambiance à part, en effet.

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    1. D'après ce que j'ai pu voir, la plupart de ses autres romans traitent d'homosexualité féminine, non ?

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  2. Si tu fais référence à Rebecca, je ne peux que le noter !

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  3. Rebecca me parle mais les maisons hantées et ce genre d'univers ce n'est vraiment pas mon truc !

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    1. C'est un roman d'atmosphère, on s'interroge sur ce qui se passe dans la maison, des évènements étranges surviennent, mais on est loin d'un roman horrifique.

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