jeudi 7 mai 2015

La porte des Enfers - Laurent Gaudé


Par Ariane
Auteur : Laurent Gaudé
Titre : La porte des enfers
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Babel
Nombre de pages : 272p
Date de parution : juin 2010

Présentation de l’éditeur :

Au lendemain d'une fusillade à Naples, Matteo voit s'effondrer toute raison d'être : son petit garçon est mort. Nuit après nuit, à bord de son taxi vide, il s'enfonce dans la solitude et parcourt au hasard les rues de la ville. Un soir, dans un minuscule café, il fait la connaissance du patron, Garibaldo, de l'impénitent curé don Mazerotti, et surtout du professeur Provolone, personnage haut en couleur, aussi érudit que sulfureux, qui tient d'étranges discours sur la réalité des Enfers. Et qui prétend qu'on peut y descendre... Ceux qui meurent emmènent dans l'Au-Delà un peu de notre vie, et nous désespérons de la recouvrer, tant pour eux-mêmes que pour apaiser notre douleur. C'est dans la conscience de tous les deuils - les siens, les nôtres - que Laurent Gaudé oppose à la mort un des mythes les plus forts de l'histoire de l'humanité. Solaire et ténébreux, captivant et haletant, La Porte des Enfers nous emporte dans un "voyage" où le temps et le destin sont détournés par la volonté d'arracher un être au néant.

Mon avis :
2002. Dans un café de Naples un serveur agresse et enlève un client.

1980. Pippo, 6 ans, meurt sous les yeux de son père, victime d’une balle perdue.

Quel point commun entre ces deux histoires ? Laurent Gaudé alterne passé et présent, revient aux sources de l’histoire et nous convie à une descente aux Enfers, au sens propre comme au figuré. Il revisite avec brio et poésie le mythe des enfers, ancrant le tout dans un univers à la fois réaliste et fantastique.

Voir mourir son enfant, peut-on imaginer pire souffrance ? Cette descente aux enfers, cette plongée dans l’indicible tristesse c’est ce que vivent Matteo et Giuliana.

Giuliana est colère et rage « que les prêtres qui ne disent que des inepties apaisantes se taisent ou qu’ils parlent vrai et qu’ils évoquent la révolte de nos cœurs face à la pourriture d’un enfant, la révolte de mon ventre de mère face au regard crevé de celui qui m’a tété le sein. Je suis pliée en deux sur cette dalle de marbre et je bave de rage. Maudite soit-elle, cette pierre que je n’ai pas choisie et qui recouvre désormais mon enfant pour l’éternité. ». La mère qui a donné la vie refuse cette mort et maudit la terre entière.

Matteo à bord de son taxi, erre la nuit dans la ville revivant sans cesse cette dernière journée, sans but, sans espoir. Lorsque son chemin croise celui de Grace le travesti, de Garibaldo le cafetier, de Provolone le professeur et de Don Mazerotti le curé. Avec eux, Matteo trouve un certain apaisement. Mais avec eux il envisage l’impossible, l’impensable.

Tel Orphée à la recherche d’Eurydice, Matteo descend aux enfers afin de rechercher l’enfant. Et comme Dante fut guidé par Virgile, un guide fait visiter les enfers à Matteo et lui explique le sort des âmes.

Un grand et beau moment de lecture. 

Extrait :

« En disparaissant, les morts emportent un peu de nous-mêmes. Chaque deuil nous tue. Nous en avons tous fait l'expérience. Il y a une joie, une fraicheur qui s'estompe au fur et à mesure que les deuils s'accumulent... Nous mourons chaque fois un peu plus en perdant ceux qui nous entourent... »



Lu dans le cadre du challenge petit bac catégorie mort
L'avis de Papillon,

2 commentaires:

  1. Je suis contente de retrouver ce roman sur un blog (que j'apprécie) car j'avais vraiment été frappée par cette histoire !

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    1. Merci :-) Une lecture vraiment frappante en effet. Et parfaitement servie par la plume de Laurent Gaudé.
      Ariane

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