jeudi 14 mai 2015

Un goût de cannelle et d'espoir - Sarah McCoy

Par Daphné





Auteur :Sarah McCoy
Titre : Un goût de cannelle et d'espoir
Genre : roman
Langue d’origine : anglais
Traducteur : Anath riveline
Editeur : Pocket
Nombre de pages : 507
Date de parution : 2012

Résumé de l'éditeur:

Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa soeur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l'armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d'insouciance. Jusqu'à cette nuit de Noël, ou vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps...
Soixante ans plus tard, au Texas, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d'une pâtisserie allemande, celle d'Elsie... Et le reportage qu'elle prépare n'est rien en comparaison de la leçon de vie qu'elle s'apprête à recevoir.

Mon avis:

Ce livre est le tout premier d'une longue série qui m'a été offerte il y a peu. et j'ai bien fait de le tirer en premier de cette grande pile puisqu'il s'agit d'un coup de cœur! 

Deux histoires s'entremêlent ici: En 2007, au Texas, Reba, jeune journaliste, doit écrire un article sur les traditions de Noël en Allemagne. C'est ainsi qu'elle pousse la porte d'une petite boulangerie Allemande et se lie d'amitié avec Elsie, la propriétaire de la boulangerie, et sa fille, Jane. Reba, prise entre ses problèmes de couples et ses traumatismes d'enfance, découvre, auprès d'Elsie et de Jane, un lieu où elle se sent en paix. Aux côtés de Reba, vit Riki, son compagnon, d'origine mexicaine, dont le métier consiste à traquer  des clandestins et à les reconduire de l’autre côté de la frontière. Or, Riki qui croyait en la justice de la loi commence à se poser des questions sur son travail et sur la vie que mènent les clandestins.

Parallèlement, nous suivons l'histoire de la jeunesse d'Elsie. en 1944, Elsie a 16 ans et vit en Allemagne nazie. ses parents croient en cette Allemagne, sa sœur fait partie du Lebensborn et Elsie est courtisée par un jeune S.S. Or, un jour, Elsie se retrouve confrontée à un choix très difficile lorsqu'elle croise le chemin de Tobias, un petit garçon Juif , échappé des camps. 

A travers la famille d'Elsie, nous découvrons la vision de la guerre du côté Allemand. Nous découvrons ici des gens qui ont cru au nazisme par patriotisme, qui ont suivi Hitler sans se poser trop de questions, persuadés que le nazisme était juste. Or, ces gens, nous le découvrons ici, ne sont pas des monstres. Juste des gens, comme tant d'autres, face à la dureté de la guerre et à la manipulation. Des gens qui ont fermé les yeux sur les événements par facilité ou parce que ceux ci leur paraissaient tout simplement impossibles.  Or, le regard d'Elsie évolue. sa rencontre avec le petit Tobias et la souffrance de sa sœur, volontaire au Lebensborn, piégée par un système auquel elle croyait, lui ouvrira les yeux. Cette évolution est traitée avec une grande finesse. Elle nous montre, à travers le personnage d'Elsie, le courage de ceux qui se sont élevés contre le régime de leur pays, se mettant, eux et leurs proches, en grand danger. 

La situation de Tobias m'a particulièrement touchée mais j'ai été aussi très émue par l'histoire d'Hazel, la sœur d'Elsie qui découvrira brusquement toute l'horreur du système nazi, système envers lequel elle était jusqu'alors totalement dévouée, mettant des enfants au monde "pour la patrie". A travers son histoire, le lecteur découvre le Lebensborn, sujet rarement abordé dans les romans. 

Quand à la partie contemporaine, je l'ai également trouvé particulièrement bien traitée. En établissant un parallèle entre le nazisme et la manière dont sont traités les clandestins "raccompagnés" à la frontière, l’auteur soulève de nombreuses questions. Certes, la situation de ces clandestins n'est peut être pas comparables avec ce qui s'est passé durant la seconde guerre mondiale mais la manière dont ils vivent n'en reste pas moins inacceptable. Inacceptable...et pourtant acceptée par tant de monde. La manière qu'a Riki, tout comme ses collègues, d'appliquer la loi sans se poser de question, de fermer les yeux sur les conditions de vie de ce gens n'est elle finalement sans rapport aucun avec les SS qui arrêtaient les familles Juives "parce que c'était la loi"? 

Dans ce livre, l’auteur ne semble pas poser de jugement. Les personnages et les situations sont nuancées. Même Joseph, le jeune SS qui courtise Elsie n'est pas décrit comme un monstre. Il se pose de nombreuses questions, lit et relit "Mein Kampf" pour tenter de justifier ses actions. 
Les membres de la famille d'Elsie, qui ont confiance en Hitler et le régime nazi, sont des personnages pourtant profondément humains qui s'aiment et tentent de survivre en temps de guerre. 
Le père de Reba, durant la guerre du Vietnam a, lui aussi, commis des horreurs qui le poursuivront toute sa vie "Ils disaient qu'on devait les éradiquer pour toujours. On suivait les ordres. J'essayais d'être un bon soldat. Je ne voulais pas me trouver là, je voulais être chez moi auprès de ma famille." Ce père, adoré de Reba et de sa sœur malgré la souffrance qu'il a pu causer à sa famille.
Quand à Elsie, ce n'est au départ, pas par bonté qu'elle agira pour sauver Tobias mais plutôt par hasard. Et malgré le fait qu'elle ne cesse de s'interroger sur le choix qu'elle a fait et le regrette même parfois, elle sauvera la vie de cet enfant.
Aucune caricature parmi ces personnages. Tous sont au fond des êtres humains qui s'interrogent.

Un très beau livre qui amène le lecteur à s'interroger sur l'humanité. Qu'aurions nous fait, nous, à la place des personnages. Chacun voudrait croire qu'il aurait eu la force de s'élever contre les horreurs imposées par le système nazi mais comment savoir? 

Un livre qui nous chatouille également les papilles: La boulangerie et toutes ses recettes sont présentes tout au long du roman.

Et enfin, un livre au goût d'espoir: comme nous le montre la fin, l'espoir est là, on ne peut plus présent malgré toutes les atrocités commises dans le monde.



Extrait:

"C'est alors qu'elle reconnut l'enfant juif qui avait chanté.
-Qu'est ce que tu fais ici?
- Il a ouvert la cage, alors je me suis enfui.
- Tu t'es enfui? répéta t -elle en posant la bouilloire. Oh, mon Dieu...
Elle se frotta les tempes, son crâne menaçant d'exploser.
- S'ils te trouvent ici, ils vont tous nous arrêter. Pars!
Elle le repoussa du pied.
- Vas t en d'ici!
- Je t'ai aidé. S'il te plait, aide moi.
Il restait collé à la porte. Il respirait péniblement, sa peau avait pris une teinte bleutée à cause du froid.
Ce n'était qu'un enfant, du même âge environ que Julius et aussi inoffensif que n'importe quel petit garçon, allemand ou juif. Il mourrait s'il restait dehors, tué par par la cruauté de la nature ou celle de l'homme. Elle avait le pouvoir de le sauver si elle défaisait seulement la chaîne."




6 commentaires:

  1. Ravie de lire ton billet si enthousiaste, j'avais repéré ce livre mais sans trop savoir quoi en penser...

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  2. Il est dans ma PAL. Il faut vite que je l'en sorte.

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  3. Eh oui! qu'aurions-nous fait, nous, à la place de... ? On ne connaitra jamais la réponse mais c'est bien de se poser la question.
    Je ne connais pas du tout ce bouquin. J'aime bien le titre et j'aime ce que tu en dis...

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  4. Tu me donnes vraiment envie de découvrir ce livre !
    Ariane

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  5. Voilà qui semble prometteur... Ca fait plusieurs avis déjà qui me donnent bien envie. Allez hop ! Un de plus dans la liste !

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  6. N'hésitez vraiment pas à le lire! il en vaut la peine!
    Daphné

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