lundi 15 février 2021

Un jour viendra couleur d'orange - Grégoire Delacourt

Par Daphné













Auteur :Grégoire Delacourt
Titre : Un jour viendra couleur d'orange
Genre : roman
Editeur : Grasset
Nombre de pages : 272
Date de parution : 2020

Résumé de l'éditeur :

Tandis que le pays s’embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu’il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d’enfant « différent » bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.

Fureurs, rêves et désirs s’entrechoquent dans une France révoltée. Et s’il suffisait d’un innocent pour que renaisse l’espoir ? Alors, peut-être, comme l’écrit Aragon, « un jour viendra couleur d’orange (…) Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront ».

Lumineuse, vibrante, une grande histoire d’humanité.


Mon avis :

La colère des gilets jaunes, le monde à part d'un enfant autiste, un service de soins palliatifs, la vie dans les cités... mais quel point commun entre tout cela ? Aucun a priori, et pourtant, c'est avec tous ces thèmes que Grégoire Delacourt réussit à nous faire découvrir une histoire qui fait mouche. 

Une histoire pleine des couleurs qui régissent la vie de Geoffroy, jeune garçon autiste, protégé par sa mère mais incompris par son père qui tente de résoudre son mal-être et sa rage de vivre par une violence dont il prendra finalement conscience. Qu'elles soient douces ou sombres, les couleurs trouvent ici leur place, au travers de Geoffroy qui mange selon la chronicité des aliments mais aussi au travers des sentiments de chaque personnages. Et qu'ils sont nombreux, les sentiments, dans ce livre : on y retrouve pêle-mêle la rage, la tristesse, l'espoir, l'amour, l'incompréhension, l'injustice... Un roman social où gronde la colère et où pourtant, la délicatesse et la poésie sont toujours présentes. 

Chacun à leur manière, les personnages sont touchants : Geoffroy, perdu dans son monde de chiffres et de couleurs. Louise, la maman aimante qui accompagne les derniers instants de vie des patients des soins palliatifs. Pierre, le père en colère contre la politique, contre la société, contre la différence de son fils qui les a éloigné sa femme et lui, contre lui-même...Djamila, qui rêve d'une liberté que ses frères ne comprennent pas et qui voit en Geoffroy innocence et beauté, Hagop, protecteur de la forêt et de deux enfants qui s'aiment... Oui, ils sont touchants, ces personnages, ils sont authentiques.

Un roman social qui interpelle, teinté d'une touche de poésie malgré un côté très sombre.

Extrait :

"Tu seras un petit garçon un peu lointain et solitaire, avait dit Louise. Tu auras des difficultés à te faire des amis. Mais tu seras doué pour le langage. Tu seras plus intelligent que les autres. Plus rapide. Parfois, tu ne reconnaîtras pas un visage, ou les expressions d’un visage. Tu ne sauras pas toujours si on te gronde ou si on plaisante. Tu auras du mal à comprendre le sens figuré des choses. Si par exemple tu entends l’expression donner sa langue au chat, tu croiras qu’il faut donner sa langue au chat et tu te demanderas comment faire. Tu ne sauras pas mentir et parfois, à cause de cela, tu pourras blesser les gens. Même moi. Même papa. Certains jours, tu auras trop de bruits dans ton crâne. Trop d’odeurs. Et tu paniqueras. Mais je serai toujours là. Je te réconforterai. Tu croiras parfois que les gens sont dans ta tête. Qu’ils savent ce que tu sais, mais ce n’est pas vrai. Tu es un petit garçon unique. Et rare. Et précieux. Et tu pourras être heureux comme n’importe qui. Grandir. Faire ce que tu aimes. Rencontrer quelqu’un qui aime ce que tu aimes et qui prendra soin de toi. Tu ne seras jamais seul, Geoffroy. Tu es fait autrement, mais tu es aussi le monde."

2 commentaires:

  1. Un bon souvenir de lecture (même si la relation de la mère avec un de ses patients en fin de vie m'a paru peu crédible).

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    Réponses
    1. C'est vrai que ce passage est peu crédible mais ça ne m'a pas dérangé. J'ai beaucoup aimé ce livre.
      Daphné

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