mercredi 21 janvier 2015

Tristesse de la terre - Eric Vuillard

Par Ariane




Auteur : Eric Vuillard

Titre : Tristesse de la terre

Genre : récit

Langue d’origine : français

Editeur : Actes sud

Nombre de pages : 158p

Date de parution : août 2014 

Présentation de l’éditeur : 
Alors, le rêve reprend. Des centaines de cavaliers galopent, soulevant des nuages de poussière. On a bien arrosé la piste avec de l’eau, mais on n’y peut rien, le soleil cogne. L’étonnement grandit, les cavaliers sont innombrables, on se demande combien peuvent tenir dans l’arène. C’est qu’elle fait cent mètres de long et cinquante de large ! Les spectateurs applaudissent et hurlent. La foule regarde passer ce simulacre d’un régiment américain, les yeux sortis du crâne. Les enfants poussent pour mieux voir. Le cœur bat. On va enfin connaître la vérité. 

Mon avis : 
Décidément l’année 2015 commence bien. Le mois de janvier n’est pas terminé et déjà un deuxième coup de cœur.
Ce livre aborde de nombreux thèmes avec beaucoup de pertinence.  
Dans ce récit, Eric Vuillard s’attaque à un mythe. Buffalo Bill, incarnation du héros américain dont la légende symbolise la naissance d’une nation, tenait, finalement, plus du saltimbanque que du cowboy, du metteur en scène que du pionnier. Avec son Wild West Show, il déconstruit l’histoire et construit une légende : les massacres deviennent des batailles, les victimes deviennent des agresseurs, les criminels deviennent des héros. Mais, Eric Vuillard arrache les masques et gratte le vernis de la légende pour revenir sur les faits, la réalité.
Il est fascinant de voir la portée qu’a pu avoir un spectacle, une mise en scène. Combien des mises en scènes de Buffalo Bill perdurent aujourd’hui encore dans l’imaginaire collectif ? Le chapeau des cowboys, les coiffes des Indiens, le cri de guerre poussé au moment de l’attaque… C’est effrayant en fait. Et cela nous interroge une fois de plus sur l’influence des médias.
Au-delà de l’histoire, l’auteur nous invite également à une réflexion sur le monde du spectacle. Le spectacle créé par Buffalo Bill fut l’un des premiers divertissements de masse. Et pour le succès, pour l’argent, Buffalo Bill et ses acolytes furent près à tout.
Et bien sûr cette illusion de réalité, cette victoire du paraître nous renvoie forcément à notre société actuelle et à la profusion d’émissions dans laquelle des êtres en mal de reconnaissance sont propulsés au devant de la scène et renvoyés à l’oubli lorsque la foule des spectateurs demande autre chose. Les êtres sont exploitables et exploités, le showbiz dès sa naissance n’a été qu’une machine à broyer les êtres.
Et c’est avec une écriture agréable, teintée d’ironie voire d’un brin de cynisme que l’auteur nous livre ses réflexions.
Lorsque je l'avais repéré en librairie j'avais été très attirée par la couverture et par le titre.
La photo de couverture est magnifique. Quant au titre il me plaît encore plus après lecture, je le trouve particulièrement bien adapté. 
Une très belle et enrichissante lecture. 

Extrait :
C’est une chose extravagante, la réalité, elle est partout et nulle part ; et depuis quelques temps on dirait qu’elle fane, c’est curieux, on ne sait pas l’expliquer, elle est toujours là, mais elle semble avoir perdu de sa consistance. Tout ce sur quoi elle paraissait faire fond est soudain bousculé, changé, meurtri, ouvert. On ne reconnaît plus rien ; tout semble entraîné par la vitesse, l’argent, les échanges ! Et on ne sait quelle image ancienne, rêvée, nous remplit de regrets. Mais que regrette-t-on ? Quelle société ? Quel idéal ? Quelle douceur ?

Les avis de Micmélo, Professeur Platypus, Papillon,

6 commentaires:

  1. quel enthousiasme! comment résister?

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  2. Ce roman-là a tout pour me plaire. J'aime particulièrement les textes qui remettent en cause ce qu'on croit savoir, qui interrogent. Je lirai certainement ce roman même si j'ai entendu des critiques négatives sur le traitement des images à l'intérieur du livre qui seraient bien trop petites.

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    1. Sincèrement la taille des photos ne m'a pas du tout gênée. Je les ai trouvées petites c'est vrai mais bien choisies et claires. Elles constituaient une sorte d'introduction à chaque chapitre, chapitre qui venait décortiquer ce que l'on avait cru voir.
      Ariane

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  3. J'ai manqué la séance de dédicaces chez Gwalarn en novembre ! C'est un livre qui est inscrit dans mon petit carnet rouge dans la liste des indispensables en 2015.

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    1. Je crois qu'il était passé également à Mots et images à Guingamp. Je connais moins Gwalarn car je vais moins souvent sur Lannion.
      Ariane

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