Auteur : Carole Martinez
Titre : La terre qui pencheGenre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : GallimardNombre de pages : 366
Date de parution : 2015
Résumé de l'éditeur :
Blanche est morte en 1361 à l’âge de douze ans, mais elle a tant vieilli par-delà la mort ! La vieille âme qu’elle est devenue aurait tout oublié de sa courte existence si la petite fille qu’elle a été ne la hantait pas. Vieille âme et petite fille partagent la même tombe et leurs récits alternent.
L’enfance se raconte au présent et la vieillesse s’émerveille, s’étonne, se revoit vêtue des plus beaux habits qui soient et conduite par son père dans la forêt sans savoir ce qui l’y attend.
Veut-on l’offrir au diable filou pour que les temps de misère cessent, que les récoltes ne pourrissent plus et que le mal noir qui a emporté sa mère en même temps que la moitié du monde ne revienne jamais?
Par la force d’une écriture cruelle, sensuelle et poétique à la fois, Carole Martinez laisse Blanche tisser les orties de son enfance et recoudre son destin. Nous retrouvons son univers si singulier, où la magie et le songe côtoient la violence et la truculence charnelles, toujours à l’orée du rêve mais deux siècles plus tard, dans ce domaine des Murmures qui était le cadre de son précédent roman.
Mon avis :
Lu il y a quelques années, Le cœur cousu de Carole Martinez m'avait enchanté. Aussi, lorsqu'Ariane m'a proposé de lire Du domaine des murmures de cette même auteur, j'en ai été ravie. Ayant beaucoup aimé ce dernier, j'ai alors enchaîné sur La terre qui penche et, je peux désormais le dire, Carole Martinez est à mes yeux une auteur incontournable!
Si les livres précédents m'avaient beaucoup plu, La terre qui penche va encore au delà! L'idée de départ étant d'alterner la voix d'une petite fille avec celle de son âme des siècles plus tard m'a particulièrement plu! Si j'ai aimé découvrir l'histoire de Blanche, j'ai donc aimé encore plus la manière dont elle nous est contée. Les voix de la vieille âme et de l'enfant s'entremêlent et font écho l'une à l'autre, nous offrant un récit d'une grande beauté.
A travers l'histoire de Blanche, Carole Martinez nous entraîne dans l'Histoire avec un grand H, celle d'une époque où se côtoient les maladies, les mises à mort et les mariages forcés mais où sont aussi mis en avant l'amour courtois, les chansons des troubadours et la ténacité des légendes. Mais quelque soit l'époque, on se rend compte au fil des pages que l'enfance est et demeure, quel que soit le siècle, un passage éphémère, un passage doux et pourtant si souvent incompris des adultes, un passage où l'imaginaire et la curiosité importent tant. Blanche est une petite fille au caractère bien affirmé qui, en dépit du destin qu'on veut lui imposer, trouve la force extraordinaire, force teintée d'innocence enfantine , de se battre pour ce qu'elle désire, d'exister en tant qu'elle même et non en tant que fille de son père.
L'histoire se déroule au domaine des murmures, comme dans le précédent roman de l'auteur et l'on retrouve, avec deux siècles d'écart, le château, la rivière et la Dame Verte. Certains éléments font ainsi fortement écho au livre Du domaine des murmures et j'ai aimé retrouver ce parallèle entre les deux romans.
Les lieux sont des personnages à part entière. Ainsi, la Loue, personnalisée sous la forme de la Dame Verte, est merveilleusement bien décrite et le lecteur se noie lui aussi dans ses tourbillons et se perd dans la contemplation de ses eaux dont on croirait presque entendre le bourdonnement tant la description en est vivante.
La plume de Carole Martinez, à la fois entraînante et teintée de poésie nous emporte dans un univers oscillant entre le réalisme et le merveilleux, un univers qui va parfaitement avec l'époque dans laquelle l'histoire se déroule.
Un livre envoûtant, à la fois beau et cruel, qui se lit au rythme des chants populaires et des contes de fée auxquels on ne peut s'empêcher de penser au fil des pages!
Extrait :
"On oublie si vite nos rêves et nos désirs d'enfant , on les dilue pour les rendre acceptables, innocents et jolis. On ne se souvient que d'un monde doux et tranquille , alors que la pureté même de l'enfance est tout entière dans cette violence que tu dis sans détours.
L'enfant est un dévorant qui avalerait le monde , si le monde était assez petit pour se laisser saisir."
De mon côté, j'avais été très agréablement surprise d'avoir adoré "Du domaine des murmures". J'étais donc confiante en commençant cette "Terre qui penche" qui s'annonçait dans la lignée et je n'ai pas été emportée bizarrement. Il me reste "Le coeur cousu" à découvrir encore.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé "le cœur cousu", j'espère que ce sera le cas pour toi aussi. il est très différent des deux suivants qui ont davantage de similitudes entre eux.
SupprimerDaphné