Auteur :
Dai Sijie
Titre :
Balzac et la petite tailleuse chinoise
Genre :
roman
Langue
d’origine : chinois
Editeur :
Gallimard
Nombre de
pages : 192p
Date de
parution : janvier 2000
Présentation de l’éditeur :
«Nous nous approchâmes de la valise. Elle était ficelée par
une grosse corde de paille tressée, nouée en croix. Nous la débarrassâmes de
ses liens, et l'ouvrîmes silencieusement. À l'intérieur, des piles de livres s'illuminèrent
sous notre torche électrique ; les grands écrivains occidentaux nous
accueillirent à bras ouverts : à leur tête, se tenait notre vieil ami Balzac,
avec cinq ou six romans, suivi de Victor Hugo, Stendhal, Dumas, Flaubert,
Baudelaire, Romain Rolland, Rousseau, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, et quelques
Anglais : Dickens, Kipling, Emily Brontë... Quel éblouissement !
Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara :
- Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde.»
Il referma la valise et, posant une main dessus, comme un chrétien prêtant serment, il me déclara :
- Avec ces livres, je vais transformer la Petite Tailleuse. Elle ne sera plus jamais une simple montagnarde.»
Mon avis :
Dans la Chine de Mao, il ne fait pas bon être vu comme un
intellectuel, un bourgeois. Parce qu’ils sont fils de médecins, le narrateur et
son ami Luo sont envoyés en rééducation dans un village de montagne, sans grand
espoir de retour. Luo tombe amoureux de la fille du tailleur et décide de faire
son éducation. Surtout après avoir découvert qu’un de leurs amis, en rééducation
également, cache une valise remplie de livres. Balzac, Tolstoï, Zola,… vont
aider les deux jeunes hommes à garder espoir.
C’est un roman très émouvant que nous offre Dai Sijie. Luo
et le narrateur touchent le lecteur par leur appétit de vivre, leur soif de
connaissance et leur foi en l’avenir qui semble pourtant bien sombre.
Le quotidien des chinois dans la Chine de Mao est
terrifiant, aberrant, injuste. Comme le destin des pères des deux jeunes ou du
pasteur qui nous rappellent les milliers qui ont été brisés, broyés par ce
régime inique.
C’est aussi un bel hommage à la littérature. Les auteurs
occidentaux vont, non seulement leur permettre de s’évader, mais aussi leur faire
découvrir un monde inconnu. Lire est pour eux un acte de liberté, un acte de
désobéissance, un acte d’espoir. Les deux jeunes vont partager ces livres avec d'autres grâce à leurs talents de conteurs. Et notamment à la petite tailleuse, cette jeune et jolie montagnarde dont Luo est tombé amoureux et dont il a juré de faire l'éducation.
Un très joli livre, doux-amer.
Extrait :
"Bien des années plus tard, une image de la période de notre rééducation
reste toujours gravée dans ma mémoire, avec une exceptionnelle précision
: sous le regard impassible d'un corbeau à bec rouge, Luo, une hotte
sur le dos, avançait à quatre pattes sur un passage large d'environ
trente centimètres, bordé de chaque côté par un profond précipice. Dans
sa hotte en bambou, anodine, sale mais solide, était caché un livre de
Balzac, "Le Père Goriot", dont le titre chinois était "Le Vieux Go" ; il
allait le lire à la Petite Tailleuse, qui n'était encore qu'une
montagnarde, belle mais inculte."
Lu il y a longtemps ; j'avais aimé.
RépondreSupprimerCela ne m'étonne pas.
SupprimerLu il y a longtemps et pourtant j'ai encore des images dans la tête. J'avais beaucoup aimé.
RépondreSupprimerJ'ai été aussi très touchée par cette histoire, par ces deux jeunes.
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