Par Daphné
Autrice : Laurence Cossé
Titre : Les amandes amères
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Gallimard
Nombre de pages : 224
Date de parution : 2011
Résumé de l'éditeur :
Découvrant que Fadila ne sait ni lire ni écrire, Edith entrevoit à quel point la vie est compliquée pour un analphabète et combien c'est humiliant. Elle lui propose de lui apprendre à lire le français. Fadila n'est pas jeune. Edith n'est pas entraînée. L'apprentissage s'avère difficile. Ce qui semblait acquis un jour est oublié la semaine suivante. Si Fadila a tant de mal à progresser, c'est que sa vie entière est difficile.
Ce n'est pas une marginale. Elle a une famille, un toit, du travail. Mais la violence a marqué son rapport aux autres, depuis l'adolescence. Elle a de la rancœur contre son Maroc natal et, en France, elle ne se fait pas à la solitude. Elle vit dans une perpétuelle inquiétude. Edith, de son côté, se sent de plus en plus démunie dans cette aventure dont elle a pris la responsabilité et qui va l'entraîner beaucoup plus loin qu'elle n'aurait cru.
Une amitié singulière, rugueuse et douce, amère, cocasse.
Mon avis :
En ouvrant ce livre, j'étais presque sûre qu'il me plairait car le thème abordé m'intéressait beaucoup. Malheureusement, j'ai été un peu déçue.
L'histoire m'a plu, c'est vrai. J'ai aimé la persévérance d'Edith et de Fadila, le lien qui peu à peu unit les deux femmes qui ont si peu en commun, la manière dont est décrite l'immense difficulté de ne pas savoir lire dans une société ou tout ou presque passe par l'écrit. Les difficultés de l'apprentissage de la lecture à l'âge adulte sont très bien décrites et on souffre au fil des pages pour Fadila, pour la violence qui a marqué sa vie et dont elle laisse échapper quelques brides de temps à autres, pour le mal qu'elle a à comprendre les lettres, à tel point qu'elle met des mois à reconnaître celles de son prénom. Les avancées de Fadila en matière d'apprentissage sont savamment décortiquées, ces petites victoires comme ses grands échecs. Les processus d'apprentissage sont minutieusement analysés et on s'interroge avec Edith sur la manière de procéder, sur la rudesse de l'échec, sur la manière dont on peut vivre sans savoir lire. Oui, totu cela est très bien décrit, très bien analysé mais...
... Mais peut-être un peu trop justement car on se retrouve avec un roman qui semble presque être documentaire sans en être un. Ce livre est au final davantage un descriptif des difficultés des processus d'apprentissage qu'une véritable histoire. Non qu'il n'y ait pas d'histoire car il en existe vraiment une mais elle se retrouve noyée sous toutes les étapes ponctuant le difficile et douloureux apprentissage de Fadila. J'avoue que ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais.
Fadila n'a pas une vie facile et on souffre pour elle de son présent comme de son passé. Et puis on se retrouve à la fin du livre et... et là, j'aurais vraiment voulu en inventer une autre. Evidemment, tous le livres ne peuvent pas finir par des happy-end mais un tel pessimisme ne me paraissait pas indispensable. Cette fin m'a prise de court et m'a laissé un goût aussi amer que les amandes dont il est question dans le titre!
J'ai l'impression d'être passée un peu à côté de ce livre qui pourtant semblait bien parti pour bien me plaire.
Extrait :
"En âge scolaire, c'est clair, Fadila n'a pas quatre ans mais deux. Elle ne sait pas ce que c'est qu'une ligne, ni aller de gauche à droite. Elle ne fait pas la différence entre une courbe et une droite. Elle n'a pas idée que les lettres doivent être identiques, séparées les unes des autres, et par des espaces semblables. Peut-être n'a-elle même jamais dessiné. Quand il apprend à lire à cinq ou six ans, le petit Français a derrière lui trois ou quatre ans de pré-apprentissage pendant lesquels il a passé des heures un crayon à la main, dessiné, relié des points, repéré des directions et tracé des bâtons, des ronds, des tirets, toujours de la même taille, toujours sur une ligne horizontale, toujours de gauche à droite et de haut en bas."