Par Ariane
Auteur : Colin Niel
Titre : Les hamacs de carton
Genre : roman policier
Langue d’origine : français
Editeur : Editions du Rouergue
Nombre de pages : 288p
Date de parution : mars 2012
Mon avis :
S'il y a un auteur que je retiens particulièrement de ma participation au prix des lectrices de Elle, c'est Colin Niel. J'avais alors eu un coup de cœur pour son roman Entre fauves. Après cela, j’ai enchaîné avec son roman précédent, Seules les bêtes, que j’ai beaucoup aimé, et récemment j'ai eu un énorme coup de cœur pour son dernier roman Darwyne. Cette fois, je me suis plongée avec grand plaisir dans sa série guyanaise.
Dans ce premier tome, le capitaine André Anato et son équipe enquêtent sur la mort suspecte d'une femme et de ses deux enfants dans un petit village sur les rives du Maroni. Le capitaine, Ndjuka d'origine, a tout à découvrir de la Guyane que ses parents ont quittée avant sa naissance. C'est après leur mort soudaine qu’André a demandé sa mutation. L’occasion de partir à la recherche de ses origines, à la rencontre de la famille qu’il ne connaît pas et d'en apprendre plus sur la culture Ndjuka.
Une fois encore j'ai vraiment beaucoup aimé lire Colin Niel. Je me suis laissée embarquer dans l’enquête criminelle, bien menée et avec la dose nécessaire de rebondissements et de fausses pistes pour capter le lecteur.
Mais l'intérêt du roman va au-delà de ça. C’est tout d’abord une immersion, culturelle et sociale, dans un territoire mal connu des métropolitains. En même temps qu’Anato en quête de ses origines, nous découvrons les coutumes des Noirs Marrons et la réalité de communautés qui se heurtent aux exigences de l’administration française. Immersion aussi au cœur de la forêt amazonienne, fascinante et magnifique.
Anato, plus métro que guyanais donc, est un homme charismatique et intelligent, un bel homme qui joue de son charme pour multiplier les conquêtes d’une nuit, incapable de s’attacher durablement et torturé par la mort accidentelle de ses parents. A ses côtés, les lieutenants Vacaresse et Girbal, décrits par leur supérieur, l’un comme un tatou, qui fouine sans cesse et ne lâche jamais sa piste, l’autre comme un colibri, s’agitant sans cesse. Vacaresse (que je m’obstinais à appeler Veracrasse… merci Harry Potter !), installé en Guyane depuis plus de dix ans, ne s’est jamais vraiment habitué à ce pays. Contrairement à son collègue, il n’est pas du tout attiré par la forêt et vit sa petite vie comme il la vivrait dans un pavillon de province. C’est pourtant un personnage particulièrement attachant, par son dévouement professionnel, mais surtout par sa bonne volonté et ses bonnes intentions. Girbal de son côté, ne semble pas particulièrement investi dans son travail et sa vie privée interfère avec son métier.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, premier opus donc de la série guyanaise de Colin Niel, un premier tome introductif qui nous permet de faire connaissance avec les personnages et le territoire.
Extrait :
« A cette heure matinale, le fleuve dévoilait une ambiance singulière. La canopée de la rive surinamienne baignait dans une brume laiteuse, agrippée comme un paresseux aux feuillages. Des bruits de moteurs provenaient de tous côtés. Le chant rauque des singes hurleurs raisonnait dans le lointain. Le Maroni, tel un animal aux innombrables organes, s'éveillait lentement. »
« Anato comprit surtout que par le terme hamac, l’homme parlait de ces dossiers suspendus, alignés à la verticale dans le placard, qui devaient faire partie du quotidien de Véronique Morhange. Il ne connaissait pas l’expression, mais trouva la métaphore pertinente. Il imaginait tous ces étrangers, Surinamiens, Haïtiens, Brésiliens, Dominicains, suspendus dans leurs hamacs de carton, hibernant patiemment dans l’attente des papiers qui leur donneraient enfin une existence officielle sur le territoire français. »
Une lecture coup de poing que j'avais aimé. Même si Entre fauves m'avait déçu.
RépondreSupprimerSi tu le permets, je récupère ton lien pour l'activité sur Les minorités ethniques (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2021/12/lire-sur-les-minorites-ethniques-le.html). J'ai bien aimé ce titre, mais j'ai préféré Entre fauves et Seules les bêtes, dont j'ai trouvé le style plus abouti.
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