mercredi 26 avril 2023

Mercredi, c'est le jour des petits - Les royaumes de feu, tome 1 - Tui T. Sutherland

 Par Daphné








Auteur : Tui T. Sutherland

Titre :Les royaumes de feu, tome 1

Genre :roman jeunesse

Langue d’origine : anglais (américain)

Traductrice : Vanessa Rubio-Barreau

Editeur : Galliamrd

Nombre de pages : 400

Date de parution : 2015

Résumé de l'éditeur :

Une terrible guerre divise les royaumes du monde de Pyrrhia. Selon une mystérieuse prophétie, seuls cinq jeunes dragons nés lors de la Nuit-la-plus-Claire pourront mettre fin aux combats et apporter la paix. Mais les élus, Argil, Tsunami, Gloria, Comète et Sunny, rêvent de voler de leurs propres ailes plutôt que d'accomplir leur destin...

Mon avis:

 Ma fille de neuf ans a découvert il y a peu cette série de livres dont elle raffole. Elle voulait absolument que je les découvre à mon tour : c'est chose faite, du moins pour les deux premiers tomes (il y en a 15 en tout).

Une guerre, une prophétie, des clans de dragons tous différents, cinq dragonnets élevés loin des leurs dans le but de mettre fin à la guerre : avec tout cela, il y a de quoi faire! 

 Argil, Gloria, Sunny, Tsunami et Comète ne viennent pas du même environnement, ne font pas parti des mêmes peuples, n'ont pas les mêmes facultés. Sans doute ne se seraient-ils jamais connus si leurs œufs n'avaient pas été volés avant leur naissance et qu'ils n'avaient pas été réunis et élever loin des leurs, dans le but d'accomplir une prophétie et de mettre un terme à la guerre qui fait rage entre les dragons. Élevés loin de tout par des dragons fort peu sympathiques, ils se retrouvent un jour plongés dans un monde inconnu pour eux.

J'ai tout de suite compris l'engouement de ma fille pour ce livre : il y a du mystère, du fantastique, de l'amitié, de l'aventure : tout est réuni pour plaire aux enfants. La présentation des différentes espèces de dragons au début attise tout de suite la curiosité et on s'attache vite aux dragonnets qui, même s'ils font l'objet d'une prophétie prometteuse sont encore bien patauds et peu sûrs d'eux et restent infiniment plus sympathiques que les adultes qui croisent leur chemin!

Même si cette série de livres est destinées à des enfants, j'ai trouvé que l'écriture aurait pu être un peu plus travaillée. J'ai aussi "tilté" devant certains passages peut-être un peu violents pour les plus jeunes (mais c'est sans doute mon esprit un peu "bisounours" qui veut ça car ni ma fille ni sa meilleure amie n'ont semblé perturbée par ces passages!). En dehors de cela, j'ai passé un très bon moment avec les deux premiers tomes des Royaumes de feu :c'est assez addictif, on se laisse happer par l'histoire et le suspens est au rendez-vous! Sans doute lirais je la suite avec enthousiasme : en tout cas, c'est bien parti pour ma fille qui n'a maintenant plus qu'une envie : avancer dans la saga et la faire découvrir à sa grande sœur qui n'y a pas encore plongé le nez mais à qui cela plairait sans doute beaucoup aussi!

Extrait : 

"Quand la guerre aura durée vingt longues années,
Viendra le temps des dragonnets.
Quand la terre sera de sang et de larmes imbibée,
Viendra le temps des dragonnets.

De tous les œufs,
Celui des Ailes de Mer sera le plus bleu.
Au sommet de la montagne, très haut,
Celui des Ailes du Ciel sera le plus gros.
Quand aux Ailes de Nuit,
Ils viendront à vous sans bruit.
Dans la terre des Ailes de Boue, au fond,
Repose l’œuf couleur sang-de-dragon.
Enfin, caché, à l'abri des reine rivales,
Se trouve l’œuf des Ailes de Sable.

Des trois reines, Flamme, Fièvre et Fournaise
Deux mourront et l'autre apprendra
Que si un destin plus haut elle veut bien accepter,
Au pouvoir des Ailes de Feu elle accédera

Cinq œufs écloront par la Nuit-la-plus-Claire,
Cinq dragons nés pour mettre fin à la guerre.
L'obscurité fera place à la lumière.
Voici venu le temps des dragonnets."

mardi 25 avril 2023

Miss Joséphine - Margaret Wilkerson Sexton

Par Ariane

Autrice : Margaret Wilkerson Sexton

Titre : Miss Joséphine

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (Etats-Unis)

Traductrice : Laure Mistral

Editeur : Actes Sud

Nombre de pages : 336p

Date de parution : septembre 2022

 

Mon avis :

Parmi les parutions de la rentrée littéraire de septembre, ce roman est le premier que j’ai acheté. Me retrouver en Louisiane, à la Nouvelles-Orléans, lire une histoire forte et émouvante, ce programme me semblait idéal. Et pourtant, il aura patienté des mois avant que je ne me décide à le sortir de ma pile à lire… Allez y comprendre quelque chose !

En 1855, Joséphine est une enfant de 10 ans, esclave comme ses parents sur la propriété de maître Tom. Compagne de jeu de la fille de la famille, elle est le témoin de la colère qui couve chez les esclaves et de leurs rêves de liberté.

En 1924, Joséphine est une femme âgée, veuve, mère et grand-mère. Désormais libre et propriétaire d’une ferme et de terres, elle est la matriarche d’une petite communauté d’esclaves affranchis et de leurs descendants. Mais l’installation d’un couple de fermiers blancs à proximité vient bouleverser le quotidien, d’autant plus que Charlotte semble rechercher la compagnie de Joséphine.

En 2017, Ava, jeune mère divorcée et sans emploi accepte d’emménager chez sa grand-mère paternelle, une riche femme blanche qu’elle connaît peu, pour l’aider au quotidien, le temps de se refaire une santé financière. Elle n’emporte pas grand-chose avec elle, mais met en évidence le portrait de Joséphine, son aïeule.

Le récit alterne avec fluidité entre les époques, partant de 2017, pour remonter le temps en 1924 d’abord puis en 1955, pour revenir dans notre temps. Ce procédé donne un rythme au récit et permet de lier les personnages, de les ancrer dans une histoire commune. Car au cœur de ce récit, se trouve la question de la transmission, de la mémoire transgénérationnelle. Pour Ava et d’autres personnes de la communauté noire, le poids du passé est lourd sur leurs épaules. Ils portent encore le poids de l’esclavage et de la ségrégation, héritage dont il semble impossible de se défaire.

Dans ses relations avec sa grand-mère ou avec des mères d’élèves du collège de son fils, Ava ne peut se défaire d’une certaine méfiance. Et dans le passé, les relations entre communautés sont encore plus difficiles. Enfant, Joséphine a connu l’amitié fusionnelle avec une fillette blanche. Malgré cela, la différence était nette entre les fillettes, qui l’avaient elles-mêmes intériorisée et ne concevaient pas qu’il pouvait en être autrement. Et lorsque devenue une vieille femme, sa jeune voisine blanche semble rechercher son amitié, Joséphine reste circonspecte, consciente des barrières infranchissables qui existent entre elles.

Malgré tout l’intérêt du roman, la puissance émotionnelle du sujet et la qualité d’écriture de Margaret Wilkerson Sexton, je n’ai toutefois pas réussi à entrer totalement dans l’histoire et à m’attacher aux personnages, notamment à Ava que j’ai eu du mal à cerner. J’aurais voulu creuser un peu plus l’histoire de la jeune Joséphine qui m’intéressait beaucoup et encore plus celle de la Joséphine âgée qui m’a le plus intéressée. Je crois que j’aurais préféré une saga de 1000 pages ! Ce fut donc une lecture intéressante, mais je n’y ai pas trouvé ce que j’espérais y trouver.   

lundi 24 avril 2023

Le chat qui venait du ciel - Takashi Hiraide

 Par Daphné








Auteur : Takashi Hiraide

Titre :Le chat qui venait du ciel

Genre :roman

Langue d’origine :japonais

Traductrice : Elisabeth Suetsugu

Editeur : Philippe Picquier

Nombre de pages :130

Date de parution : 2006

 

Résumé de l'éditeur:

Quand un jeune couple emménage un jour dans le pavillon d'une ancienne demeure japonaise, il ne sait pas encore que sa vie va s'en trouver transformée. Car cette demeure est entourée d'un immense et splendide jardin, et au cœur de ce jardin, il y a un chat. Sa beauté et son mystère semblent l'incarnation même de l'âme du jardin, gagné peu à peu par l'abandon, foisonnant d'oiseaux et d'insectes. Tout le charme infini de ce livre tient dans la relation que le couple va tisser avec ce chat qui se fond dans la végétation exubérante pour surgir inopinément, grimpe avec une rapidité fulgurante au sommet des pins gigantesques, frappe à la vitre pour se réconcilier après une brouille. Un charme menacé, car ce qui éveille en nous la beauté et appelle le bonheur est toujours en sursis...

Mon avis :

Si j'ai été attirée par ce livre, c'est parce qu'il nous parle de chats. D'un chat plus précisément. En France, nous n'avons pas le même regard sur les chats qu' au Japon où ils sont considérés comme des porte-bonheur. Je ne suis pas japonaise mais je suis une grande amoureuse des chats. Aussi, en voyant ce livre sur les rayons de la bibliothèque, me suis-je dis que j'allais y trouver mon bonheur (c'est le cas de le dire!) mais je suis ressortie de cette lecture un peu mitigée.

 Ce livre, à l'écriture très poétique, est avant tout contemplatif.  Pas d'action ici mais de la lenteur, de la douceur, un grand calme. C'est un livre qui s'attache au moindre détail et s'arrête sur les insectes, les plantes, les mouvements gracieux d'un petit félin. Si on aime les chats, on ne peut qu’être sensible à ces pages emplies de douceur.

 Mais il se trouve qu'au moment où j'ai lu ce livre, j'avais sans doute davantage envie d'un livre avec un peu plus d'action car je n'ai pas réussi à l'apprécier pleinement et avoue m'être parfois un peu ennuyée. Je n'ai pourtant rien contre les livres poétiques et lents auxquels je trouve même souvent un certain charme. Or, même si je reconnais beaucoup de qualités à ce livre, j'ai quand même eu l'impression de ne pas réussir à l'apprécier à sa juste valeur. Peut-être devrais je le relire  plus tard afin d'être sûre de ne pas passer à côté.

Extrait : 

 "L'attention qu'il portait aux choses se déplaçait avec une rapidité étonnante, caractéristique qu'il n'a pas perdue, même en grandissant. Etait-ce le fait de jouer seul la plupart du temps dans l'immense jardin qui lui avait appris à réagir avec vivacité aux insectes et aux lézard. J'avais presque fini par croire qu'il était sensible aux métamorphoses invisibles du vent ou la lumière."

samedi 22 avril 2023

Les dangers de fumer au lit - Mariana Enriquez

Par Ariane

Autrice : Mariana Enriquez

Titre : Les dangers de fumer au lit

Genre : nouvelles

Langue d’origine : espagnol (Argentine)

Traductrice : Anne Plantagenet

Editeur : éditions du Sous-Sol

Nombre de pages : 240p

Date de parution : janvier 2023

 

Mon avis :

Alors que le premier roman de Mariana Enriquez semblait omniprésent sur les blogs et les réseaux lors de sa parution, je n’avais pas trouvé l’occasion de le lire. C’est donc avec ce second livre que je découvre l’autrice. Il s’agit ici d’un recueil de nouvelles, publié en Argentine en 2009, qui arrive en France après le succès de son roman Notre part de nuit.

Les textes qui composent ce recueil ont en commun une ambiance sombre et inquiétante, le quotidien flirtant avec le surnaturel, parfois y plongeant allégrement. La plupart de ces textes suscitent un certain malaise chez le lecteur, une impression oppressante et dérangeante, un sentiment désabusé. Ces contes horrifiques explorent la violence de la société argentine et de notre société moderne en général. On y rencontre des adolescentes aussi belles que cruelles, des enfants disparus qui réapparaissent soudainement, une fétichiste des battements de cœur, un quartier maudit par un clochard, des jeunes fanatiques désespérées par la mort de leur idole, le fantôme d’un bébé…

Chacune de ces nouvelles est un petit bijou de noirceur, superbement écrit, qui happe le lecteur en quelques pages seulement pour le précipiter sur une fin abrupte. S’il y a un peu de Poe, de King ou de Lovecraft dans ces textes (ou de Mak-Bouchard, la nouvelle Les petits revenants m’a rappelé l’étonnant Le temps des grêlons), Mariana Enriquez possède une voix unique et singulière que j’ai découvert avec grand plaisir. J’admire aussi la couverture. Cette œuvre déconcertante de Van Gogh est parfaite !

mardi 18 avril 2023

Le petit roi - Mathieu Belezi

Par Ariane

Auteur : Mathieu Belezi

Titre : Le petit roi

Genre : roman

Langue d’origine : français

Editeur : Le Tripode

Nombre de pages : 128p

Date de parution : mars 2023

 

Mon avis :

Après la lecture de son dernier roman, qui me laisse encore maintenant un souvenir ébloui et bouleversé, je m’étais promis de relire rapidement Mathieu Belezi. Je ne m’attendais pas à trouver un roman récemment paru, si peu de temps après le précédent. Mais il s’agit en fait de la réédition de son premier roman, paru en 1998.  

Alors que Mathieu ne désire rien d’autre que rester à ses côtés, sa mère l’abandonne pour une durée indéterminée aux bons soins de son Papé, paysan taiseux et bienveillant. Dans cette ferme isolée au cœur de la Provence, au rythme des saisons, l’enfant étouffe de rage, de solitude et de tristesse.

Empêtré dans les pensées du jeune Mathieu, le lecteur se confronte à sa douleur d’enfant blessé, abandonné, aux réminiscences des scènes violentes entre ses parents dont il fut le spectateur impuissant, à sa colère qui se déchaîne toujours plus violemment, et se retrouve ainsi partagé entre empathie pour cet enfant en souffrance et répulsion devant sa cruauté. Mieux vaut que le lecteur soit prévenu, Mathieu évacue sa colère et sa frustration par des actes de violence envers des animaux ou un jeune garçon de sa classe. Certaines scènes prennent aux tripes et sont difficilement soutenables.

Ce sombre récit d’enfance est illuminé par la beauté et la douceur de quelques scènes. Il suffit d’un chocolat chaud, d’un cadeau de Noël inattendu, d’un moment partagé avec son Papé, pour voir ressurgir l’enfant derrière la brute et nous faire ressentir avec plus d’acuité l’ampleur de sa douleur, que rien ne peut combler.

La couverture, douce et délicate, est un leurre pourtant en harmonie avec la beauté et la poésie de l’écriture de Mathieu Belezi. Comme Baudelaire, il se fait alchimiste et transforme la laideur en beauté et nous offre un récit aussi sombre que sublime.  

Apparemment les éditions Le Tripode entreprennent de rééditer toute l’œuvre de l’auteur. Je me réjouis de cette nouvelle et serais au rendez-vous pour le prochain !

 

Extrait :

« La saillie des os de ce vieux visage, qui n'a jamais été jeune et dans mes convictions enfantes doit survivre cent ans, la tendresse de ces yeux lavés, de ces mains qui tremblent, comblent jour après jour le vide laissé par ceux qui m'oublient. »

« Le soleil me tourne autour, découpe sur les labours une ombre qui n’est pas mienne, que je viens d’inventer pour le besoin de me faire du mal. Les corbeaux posent un œil méfiant sur mes hardes, sautent sur leurs pattes, croassent, déploient de lourdes ailes pour retomber mollement un peu plus loin. Noirs sans nuance, dans le miroir de ce jour que la terre et le ciel illuminent, ils sont l’expression d’une douleur que je ne peux pas nommer. »

« Et je lutte une heure durant contre moi-même, chassant ce que je ne veux pas voir et encore moins entendre, et qui pourtant m'assaille et me torture, les mains de mon père et celles de ma mère, leurs bouches qui se haïssent au-dessus de moi, leurs corps qui ne s'aiment plus, tout ça, et le reste qui n'est pas plus drôle , leurs façons de m'amadouer, de me couvrir de cadeaux pour que je choisisse mon camp, pour que je dise oui à l'un et non à l'autre, alors que leurs sales manies de me laisser seul au milieu de l'arène ont conduit mes pas mal assurés d'enfant à l'abîme. »