Par Ariane
Auteur : Colin Niel
Titre : Obia
Genre : roman policier
Langue d’origine : français
Editeur : Le Rouergue
Nombre de pages : 496p
Date de parution : octobre 2015
Mon avis :
Je continue sur ma lancée, avec la suite de la série guyanaise de Colin Niel et le 3e tome Obia. Cette fois-ci le capitaine Anato quitte Cayenne pour travailler en collaboration avec un officier de la police de la gendarmerie de Saint-Laurent-du-Maroni. Un jeune homme a été tué le principal suspect rapidement identifié mais il a réussi à échapper au lieutenant Franck Marcy. Peu de temps après, un autre jeune est assassiné et la chasse à l'homme s'intensifie.
J'ai une nouvelle fois pris beaucoup de plaisir à lire ce roman. Colin Niel déroule une intrigue complexe, aux multiples rebondissements. Je reconnais certaines facilités, comme dans les deux premiers tomes, des coïncidences un peu nombreuses, mais cela ne gâche en rien la lecture. On creuse un peu plus encore les personnalités de Vacaresse et Anato. Le premier, en plein désarroi dans sa nouvelle vie mais toujours aussi opiniâtre. Le second, en quête de ses origines suite aux révélations du tome 2, plus vulnérable et accessible que précédemment. Loin de Cayenne et de son équipe, Anato doit collaborer avec le lieutenant Marcy, forte tête de la gendarmerie. Entre le Créole et le Ndjuka, l’entente est loin d’être évidente...
Comme dans les précédents romans de la série, Colin Niel expose les fléaux qui accablent la Guyane, tout en mettant en avant la richesse humaine, culturelle et naturelle de ce territoire. Poussés par la pauvreté, de nombreux guyanais sont prêts à risquer leur vie ou leur liberté contre la promesse de quelques milliers d’euros. Faire la mule, avaler ou insérer dans son corps des ovules remplies de cocaïne et embarquer pour la France, en espérant ne pas être intercepté. Parmi eux, de nombreux noirs marrons, originaires du Suriname, qui portent en eux les traumatismes de la guerre civile qui a ravagé le pays à la fin des années 80. En explorant, l’histoire de la Guyane, les considérations sociales, politiques et culturelles du passé et du présent, Colin Niel donne une visibilité rare et passionnante à ce territoire mal connu.
Impossible de ne pas se précipiter sur la suite !
Extrait :
« La fusée, le bagne, l’enfer vert et les bestioles, voilà à quoi se résumait l’Amazonie française vue de Paris. Et un peu d’orpaillage depuis quelques années, pour faire sensation. »
« Cela faisait deux ans qu'Anato était arrivé en Guyane, qu'il avait commencé à renouer avec son pays d'origine. Avec ce département français dont il ne connaissait rien sinon ce que ses parents avaient bien voulu lui raconter. Un territoire gigantesque couvert par la forêt, un fleuve immense, le Maroni. Et un peuple : les Ndjukas. Ce qu'il savait se résumait à ça, en fin de compte. En deux ans, il avait appris plus qu'en trente et réalisé l'ampleur de son ignorance. Et compris surtout une chose : riche de son histoire, de ses populations, de ses langues, la Guyane est complexe. On ne l'apprivoise pas, aucune description ne peut l'enfermer. »
« Le major Franck Marcy longea le câble électrique clandestin qui courait sur la terre grise, se planta en haut du talus. Cigarillo aux lèvres, Ray-Ban remontées sur le front, les bras croisés sur son torse imposant. A ses pieds, un paysage de bois, de tôle et de parpaings. Une centaine de baraques illégales, bricolées, bancales, fichées dans le sable derrière un lycée. Pas d'agencement particulier, on devinait des allées labyrinthiques serpentant entre les murs sombres. Plus bas, sous une masse végétale informe, on imaginait un petit marécage insalubre. Cité Carlton, c'est comme ça que les habitants appelaient leur quartier. Interdit de parler de bidonville. Le terme officiel, moins dégradant, c'était : habitat spontané. »
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