Auteur :
Anaïs Llobet
Titre :
Les mains lâchées
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Plon
Nombre de
pages : 160p
Date de
parution : août 2016
Mon avis :
C’est avec son second roman, Des hommes couleur de ciel, que
j’ai découvert Anaïs Llobet. Une lecture qui m’avait interpelée, bousculée. La lecture
de son premier roman aura eu un effet similaire.
En 2013, les Philippines sont frappées par le typhon Haiyan
(aussi appelé Yolanda). La ville de Tacloban est dévastée, des milliers de
morts, de disparus, de blessés. Les survivants errent dans une ville en ruine,
sans eau ni nourriture. Parmi eux, Anaïs Llobet imagine Madel, journaliste
française installée aux Philippines, à la recherche de son amant et du petit
garçon dont elle a lâché la main. Son rédacteur en chef la pousse à présenter
des directs, ce qu’elle accepte dans l’espoir que ça l’aide à retrouver Jan. Ainsi,
elle part à la rencontre des survivants, secouristes et médecins. Elle voit,
elle écoute, elle ressent, à la fois journaliste et victime.
Anaïs Llobet était elle-même journaliste et présente aux
Philippines lors du passage du typhon Haiyan. Elle nous raconte les jours d’après
sans voyeurisme, avec une émotion sincère, une profonde empathie, de la pudeur.
Anaïs Llobet a su trouver le ton juste, l’équilibre entre l’histoire de Madel
et celle des habitants de Tacloban.
Incontestablement, une autrice à suivre.
Extrait :
« Un train à toute vitesse est lancé contre nous, il
frôle les murs, part puis revient, nous chahute. Yolanda joue avec la maison
comme un chat avec une souris et, un instant, je pense que ça y est, nous nous
sommes envolés, nous tournons dans l’œil du typhon. »
« -Pas d'eau, rien à manger, mais du wifi : bienvenue
dans une catastrophe à l’ère moderne. »
« Je ne propose pas à Irène de supprimer ces images
révoltantes. Nous avons besoin d'elles. Yolanda, avec ses sept mille morts, a
tout d'une star médiatique. Pendant encore quelques jours elle saura défier le
principe de "mort kilométrique", cette loi tacite du journalisme,
selon laquelle la mort soudaine par intoxication alimentaire de notre voisin de
cantine nous intéresse davantage que les deux cents noyés d'un lointain
paquebot indonésien. »
L'avis de Nicole,