Auteur :
Pierre Lemaître
Titre :
Au revoir là-haut
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Albin Michel
Nombre de
pages : 576p
Date de
parution : août 2013
Mon avis :
Parmi les livres qui ont traîné des années dans ma liste de
livres à lire, ce roman de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013 et entouré d’un
enthousiasme quasi général.
Après la Première Guerre mondiale, le retour à la vie civile
est rude pour les soldats démobilisés. Parmi eux, Albert Maillard, modeste
comptable, et Edouard Péricourt, fils d’un riche homme d’affaires. Chacun doit
la vie à l’autre, ce qui a créé entre les deux hommes un lien indéfectible, une
amitié faite de dépendance, de culpabilité et d’affection. Edouard, fantasque
et rebelle, convainc le timide Albert de monter une arnaque invraisemblable :
vendre de faux monuments aux morts.
Malgré tout ce que j’avais lu au sujet de ce roman, cette
lecture a été une véritable surprise. Pierre Lemaître est un excellent conteur,
il nous raconte avec brio les horreurs des champs de bataille aussi bien que
les scènes les plus touchantes ou les plus extravagantes. Il y a dans cette
histoire et dans l’écriture de Pierre Lemaître une énergie folle. Ainsi, il
donne vraiment vie à ses personnages. Albert et Edouard, difficile d’imaginer
hommes plus différents. Albert, petit homme terne et effacé, besogneux et sans
imagination, fils malaimé d’une mère étouffante. Edouard, séduisant et
provocateur, artiste talentueux en opposition permanente à son père. Je me suis
beaucoup attachée à ces personnages.
Vendre de faux monuments aux morts… Cette arnaque est un
véritable pied-de-nez à la guerre, à l’hypocrisie d’un pays qui pleure ses
morts et de glorieux monuments pour les morts, tout en laissant les soldats
survivants vivre dans la misère n’ayant pu retrouver d’emploi à leur retour.
Edouard et Albert ne se posent pas en Robin des bois, leur but n’est pas de
redistribuer l’argent volé aux anciens combattants miséreux et infirmes, mais d’humilier
les puissants qui les ont envoyé au front. L’ultime provocation d’Edouard, le
premier acte de rébellion d’Albert.
Autre arnaque, celle mise en place par Arnaud d’Aulnay
Pradelle, ancien lieutenant d’Edouard et Albert. Calculateur et sans scrupules,
Pradelle n’a pas hésité à assassiner ses propres soldats pour servir sa
carrière. C’est pour avoir découvert ce secret qu’Albert a failli mourir et qu’Edouard
a perdu son visage en lui sauvant la vie. Pradelle cherche à faire fortune
grâce à la guerre grâce aux cimetières militaires.
Au-delà de l’histoire des deux amis et de leur incroyable
arnaque, Pierre Lemaître explore le thème du deuil à travers le personnage de
Pierre Péricourt. A priori peu sympathique, ce personnage se révèle finalement
touchant. N’ayant su comprendre ni aimer son fils, il apprend à l’aimer alors
qu’il le croit mort et les émotions qu’il a enfermées sa vie durant le
rattrapent.
Vraiment, j’ai tout aimé dans ce roman qui mérite amplement
tous les éloges reçus. Il y a de l’émotion, de la gouaille, du cynisme, de l’amitié,
de l’humour,… une histoire passionnante et de superbes personnages. Que
demander de plus !
Extrait :
« Le pays tout entier était saisi d'une fureur
commémorative en faveur des morts, proportionnelle à sa répulsion vis-à-vis des
survivants. »
« En le tenant contre lui, Albert se dit que pendant
toute la guerre, comme tout le monde, Edouard n’a pensé qu’à survivre, et à
présent que la guerre est terminée et qu’il est vivant, voilà qu’il ne pense
plus qu’à disparaître. Si même les survivants n’ont plus d’autre ambition que
de mourir, quel gâchis… »
« Le général Morieux paraissait au moins deux cents ans
de plus. Un militaire, vous lui retirez la guerre qui lui donnait une raison de
vivre et une vitalité de jeune homme, vous obtenez un crouton hors d'âge. »
Ah oui un bon brave roman!!! Le suivant m'a moins plu, mais il se lit bien quand mêem. Quant au troisième, il est emprunté jusqu'à la réouverture des biblis, et on attend! (sans affolement)
RépondreSupprimerLire la trilogie est un de mes objectifs littéraires de l'année, alors j'attends aussi la réouverture de la bibliothèque !
SupprimerIl fait partie des prochains romans que je dois découvrir... Jamais lu cet auteur et malgré l'engouement de la blogo, il ne m'attire pas du tout... On verra, ce sera peut-être une bonne surprise.
RépondreSupprimerUne partie de son oeuvre ne m'attire pas du tout (les polars) mais ce roman mérite tous les compliments reçus.
SupprimerUn coup de coeur pour moi aussi.
RépondreSupprimerCoup de coeur partagé en ce qui me concerne, ça reste de loin le meilleur tome de la trilogie.
RépondreSupprimerMince, je prévois de lire les autres, j'aurai aimé avoir trois coups de coeur !
SupprimerBonjour Ariane, tout comme toi, j'ai beaucoup aimé ce roman. Je me revois encore le lisant à l'été 2015 : c'est incroyable que ce soit il y a si longtemps car j'ai encore certaines scènes très présentes à l'esprit. J'aime surtout l'humour de Pierre Lemaitre, que je n'ai d'ailleurs retrouvé ni dans l'adaptation BD ni dans le film... Je ne sais même pas pourquoi je n'ai pas encore lu la suite.
RépondreSupprimerC'est vrai que certains livres laissent une forte empreinte en nous et l'on ne se souvient pas seulement du livre lui-même mais aussi de notre lecture, en général probablement quand il s'agissait d'un moment particulier.
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