Auteur : Yoko Ogawa
Titre : Instanés d'AmbreGenre : roman
Langue d’origine : japonais
Traductrice : Rose-Marie Makino-Fayolle
Editeur : Acte Sud
Nombre de pages : 304
Date d'édition : 2018
Résumé de l'éditeur :
Une mère demande à ses enfants d’oublier leur prénom. Ils doivent, dit-elle, ne plus jamais le prononcer ni même y penser, mais en choisir un autre afin d’échapper au danger qui menace leur vie. Dans une villa ayant appartenu à leur père, au milieu d’un vaste jardin cerné de hauts murs, les trois enfants vont passer un temps infini, enfermés, coupés du monde mais heureux. Leurs nouveaux prénoms sont issus d’une encyclopédie des sciences : des noms de pierres choisis au hasard – prénoms sous le signe desquels ils reconstruisent leur identité.
Arbres immenses, ruisseau ténu et chants d’oiseaux : les saisons passent, les vêtements cousus par leur mère sont trop petits, les ailes de coton et de laine qu’elle a fixées dans leur dos ne les gênent pas. Opale, Ambre et Agate grandissent en harmonie mais la dissonance vient de l’extérieur, un colporteur entre dans le jardin.
Un livre majeur, une puissante métaphore de la résilience de l’enfance, cette capacité à préserver l’amour filial en tenant la peur à distance. Ode à l’imaginaire – traversé comme toujours dans l’œuvre d’Ogawa par la présence animale, muséale et musicale –, ce roman se place sous le signe des pierres et tout particulièrement de l’ambre, dans lequel se loge la trace de ce qui n’est plus.
Mon avis :
Les avis que j'ai pu lire sur ce livre m'ont paru assez négatifs... mais à moi, il m'a plu! Beaucoup!
Voici un livre à la fois étouffant et poétique, un livre au goût d'enfance,de peur et d'imagination. Trois enfant qui ont dû oublier leur nom. Trois enfants qui ont dû oublier le monde extérieur. Enfermés dans une villa entourée d'un jardin cerné de hauts murs, trois enfants grandissent loin des regards et du monde. Livre à mi-chemin entre le huis-clos et le conte de fées, Instantanés d'Ambre possède quelques chose de vraiment particulier, une sorte de folie mêlant habilement l'angoisse et les rêveries enfantines. Coupés du monde, les enfants s'évadent par leur simple imagination. On se retrouve pris entre l'imaginaire, si puissant des enfants et l'atmosphère lugubre de l'enfermement.
Malgré l'angoisse et la folie qui émanent de ce livre, il s'en dégage un fort parfum de poésie et de féerie. On oscille sans cesse entre le réel et le conte, et ce d'une manière particulièrement habile.
J'ai aimé les descriptions, le rapport aux éléments, l'atmosphère étrange de ce livre. Il y a à la fois une grande douceur et une grande douleur dans la manière dont Ambre conserve ses souvenirs et fait revivre, à travers son regard si spécial, ceux qui lui sont chers. J'ai aimé ce côté troublant qui, à chaque page, donne au lecteur l'envie de s'interroger tout en se laissant emporter lui aussi par son imagination d'enfant. Ce livre m'a fait l'effet d'un funambule au pas sans cesse hésitant entre rêve et réalité.
Le rythme est lent mais cela va tout à fait avec l'histoire, avec la manière dont se déroule les journées des enfants. Un livre étrange, parfois inquiétant et très beau...
Extrait :
"On pense souvent à tort qu’il a des problèmes de vue, mais non. En réalité, il a sa manière bien à lui d’observer le monde, différente de celle des autres. Il ne se contente pas de regarder le point qui se trouve présentement devant ses yeux : il accueille aussi la continuité des instants passés et à venir. C’est seulement à travers l’ambre au fond de lui que s’écoule le temps tel qu’il est."
Un avis positif au milieu des avis négatifs, tant mieux.
RépondreSupprimerEt oui, il en faut bien! Mais les avis négatifs que j'ai pu lire étaient surtout dus au fait que les lecteurs qui les donnaient n'en étaient pas à leur première lecture de cette auteure et qu'ils avaient été déçus par rapport à d'autres de ses livres. Comme c'était le premier livre que je lisais d'elle, je n'ai aps eu ce problème!
SupprimerDaphné
Très étrange. Le sujet pourrait me plaire mais j'ai peur que le côté féérique ou poétique domine.
RépondreSupprimerIl ne domine pas vraiment en fait. Il est juste présent... parmi bien d'autres choses!
SupprimerDaphné
Jamais lu Yoko Ogawa, pourtant je suis plutôt bon public pour la littérature japonaise.
RépondreSupprimerAlors, je te le conseille!
SupprimerDaphné