Auteur :
Dan Chaon
Titre :
Une douce lueur de malveillance
Genre :
roman
Langue
d’origine : anglais (américain)
Traducteur :
Hélène Fournier
Editeur :
Albin Michel
Nombre de
pages : 527p
Date de
parution : août 2018
Présentation de l’éditeur :
« Nous n’arrêtons pas de nous raconter des histoires sur
nous-mêmes. Mais nous ne pouvons maîtriser ces histoires. Les événements de
notre vie ont une signification parce que nous choisissons de leur en donner
une. »
Tel pourrait être le mantra de Dustin Tillman, psychologue
dans la banlieue de Cleveland. Ce quadragénaire, marié et père de deux
adolescents, mène une vie somme toute banale lorsqu’il apprend que son frère
adoptif, Rusty, vient d’être libéré de prison. C’est sur son témoignage que,
trente ans plus tôt, celui-ci a été condamné à perpétuité pour le meurtre de
leurs parents et de deux proches. Maintenant que des tests ADN innocentent son
frère, Dustin s’attend au pire.
Au même moment, l’un de ses patients, un policier en congé
longue maladie, lui fait part de son obsession pour une étrange
affaire : la disparition de plusieurs étudiants des environs
retrouvés noyés, y voyant la marque d’un serial killer. Pour échapper à sa vie
personnelle, Dustin se laisse peu à peu entraîner dans une enquête périlleuse,
au risque de franchir les limites que lui impose son rôle de thérapeute.
Plongée dans les ténèbres, celles d’un homme submergé par
ses propres contradictions et les failles de sa mémoire, Une douce lueur de
malveillance est un livre virtuose et vénéneux. Une écriture glaçante, une
inventivité littéraire qui bouscule les structures du roman contemporain :
rarement un écrivain aura su explorer le mystère de l’identité avec un réalisme
aussi obsédant.
Mon avis :
Dustin Tillman est psychologue, marié et père de deux
adolescents. Une vie pas si banale que ça car son enfance a été marquée par les
meurtres de ses parents, de sa tante et de son oncle et la condamnation de son
frère Rusty pour ces crimes. Mais l’ADN a parlé, et après trente ans derrière
les barreaux, Rusty est innocenté et libéré. Sale période pour Dustin qui
apprend le même jour que sa femme a un cancer et doit en plus gérer un patient,
ancien flic obsédé par les disparitions de jeunes hommes retrouvés noyés.
A chaque rentrée littéraire, certains romans font plus
parler d’eux que d’autres, on a l’impression de les voir partout et ce roman de
Dan Chaon en fait partie. Et l’adjectif que l’on retrouve le plus souvent sur
les blogs pour décrire ce roman est : atypique. Et atypique, il l’est
incontestablement, tant l’histoire en elle-même que la construction et la
présentation de l’intrigue. Et je n’ai pas adhéré à certaines de ces
particularités, comme les phrases tronquées de Dustin, les espaces blancs
incongrus, la présentation en colonnes de certains passages, le tutoiement,…
Mais ces particularités, même si elles m’ont dérangée, ne m’ont
pas empêchée d’apprécier l’intrigue particulièrement bien ficelée mêlant
thriller, roman noir et roman psychologique. L’auteur nous balade entre ces
aspects, comme il nous balade entre les époques, les doutes et les thèmes
abordés.
Il y a l’aspect criminel de l’histoire tout d’abord, avec
deux séries de crimes qui marquent la vie de Dustin. Rusty, le frère adoptif de
Dustin a été condamné pour le meurtre de leurs parents, ainsi que de leur oncle
et tante, sur la base principalement des témoignages de Dustin et de sa cousine
Kate. Des flashbacks nous ramènent dans les années 70, lorsque les parents du
jeune Dustin décident d’adopter Rusty, un adolescent taciturne et agressif,
puis quelques années plus tard à l’époque des meurtres. Lorsque Rusty est
libéré de prison au bout de trente ans, l’attitude de Dustin ne manque de
surprendre. Il ne cherche pas à entrer en contact avec son frère, pas même à en
savoir plus sur sa libération. Et ne se pose pas non plus la question la plus
évidente : si Rusty est innocent, alors qui est le meurtrier ?
En revanche, influencé par son patient et ami Aquil, il mène
à ses côtés une enquête sur les disparitions de plusieurs étudiants retrouvés
noyés quelques semaines plus tard. A part eux, personne n’y voit rien de
suspect, des jeunes qui ont trop bu se sont accidentellement noyés. Mais pour
Aquil et Dustin, le crime est évident. Et là on l’on penserait a priori à un
tueur en série, eux pensent plutôt à une secte satanique, sacrifiant des
victimes dont la disparition n’éveillera pas les soupçons. Et la coïncidence est
troublante, car justement, Dustin et Kate avaient affirmé que Rusty appartenait
à une secte satanique. Dan Chaon s’empare là du phénomène des abus rituels
sataniques qui ont secoué les Etats-Unis dans les années 70/80, des souvenirs
oubliés et de la manipulation de la mémoire. Alors forcément, l’ambiance qui se
dégage du roman est sombre voire carrément délétère.
Atmosphère d’autant plus sombre que la famille Tillman est
en plein deuil et la tranquille petite vie de Dustin implose après le décès de
sa femme. Son fils aîné part à l’université et coupe petit à petit les ponts.
Son cadet s’enfonce dans la drogue, sans qu’il le remarque. J’ai particulièrement
aimé ce jeune homme torturé, sensible et intelligent, en pleine souffrance sans
que personne ne prête attention à lui. Personne à part Rusty, entré en contact
avec Aaron dans le plus grand secret et dont les intentions sont bien énigmatiques.
Un roman passionnant et intelligent, qui malgré quelques
singularités dans la présentation qui ne m’ont pas convaincue, se révèle particulièrement addictif.
Extrait :
« Cela arrive certainement à tout le monde, à un
certain âge : vous levez les yeux un instant et vous ne savez plus très bien
quelle est la vraie vie. Vous vous êtes divisé en un si grand nombre d’alvéoles
qu’elles sont à peine conscientes les unes des autres – elles arpentent,
parallèlement, leur propre flux de pensée, et chacune pense être moi. »
« Et je pense que ce sera comme ça jusqu’à la fin, dit
Terry. Même s’il ne te reste que cinq minutes à vivre, tu continues à anticiper
l’avenir, tu continues à penser à ce que tu vas faire ensuite, à avoir des
projets, il y a une partie de toi qui continue à dire : Tout finira bien
par s’arranger. »
Ah je viens de l'emprunter à la bibli, je m'interroge...
RépondreSupprimerC'est un roman qui ne m'a pas convaincue avec impossibilité d'en parler... Je n'ai pas adhéré aux colonnes, le reste ne m'a pas gênée mais l'intrigue m'a laissée perplexe et j'ai eu envie de l'abandonner plus d'une fois... Lecture poussive pour moi.
RépondreSupprimerOui, cette organisation est assez déconcertante, assez pour déplaire à certains lecteurs comme moi.
SupprimerUne amie va me le prêter ; je vais pouvoir me faire ma propre idée ..
RépondreSupprimerBonne lecture !
SupprimerHeureusement que je lis ton résumé car en voyant la couverture je n'aurais pas misé sur un tel sujet. Merci. J'ai davantage envie de le lire.
RépondreSupprimerUn de plus sur la liste alors !
SupprimerJe l'ai repéré, mais je n'ai pas envie de pavé en ce moment, où je traîne un peu dans mes lectures... il me faut du bref ! Son tour viendra plus tard, j'avais aimé un autre roman de Dan Chaon il y a quelques années.
RépondreSupprimerOn a tous des périodes comme cela.
SupprimerDes singularités dans la présentation ?
RépondreSupprimerOui, et c'est assez déstabilisant, assez pour décourager certains lecteurs je pense. Heureusement, que cela n'est pas trop fréquent sur l'ensemble du roman.
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