lundi 22 juillet 2019

Le roi n'a pas sommeil - Cécile Coulon


Par Daphné





















Auteur : Cécile Coulon
Titre : Le roi n’a pas sommeil
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Viviane Hamy
Nombre de pages : 200
Date de parution :  2012

Présentation de l’éditeur :

« Ce que personne n’a jamais su, ce mystère dont on ne parlait pas le dimanche après le match, autour d’une bière fraîche, cette sensation que les vieilles tentaient de décortiquer le soir, enfouies sous les draps, ce poids, cette horreur planquée derrière chaque phrase, chaque geste, couverte par les capsules de soda, tachée par la moutarde des hot-dogs vendus avant les concerts de blues ; cette peur insupportable, étouffée par les familles, les écoliers, les chauffeurs de bus et les prostituées, ce que personne n’a pu savoir, c’est ce que Thomas avait ressenti quand le flic aux cheveux gras était venu lui passer les bracelets, en serrant si fort son poignet que le sang avait giclé sur la manche de sa chemise. »


Tout est inscrit dans cette première phrase : le silence qui étouffe et tue, le poids des regards, l’irrémédiable d’un destin, celui d’un enfant sage, excellent élève, devenu un adolescent taciturne et ombrageux. Thomas Hogan aura pourtant fait l’impossible pour exorciser ses démons intérieurs – les mêmes qui torturaient déjà son père.


Cela avait commencé avec la folle passion que William, le père, portait à LA propriété, un éden sauvage de quelques trois hectares où les sapins « semblaient danser les uns avec les autres », où l’homme ne venait plus, où « les arbres, les massifs de fougères, quelques framboisiers sauvages et des centaines de fleurs des bois » étaient le domaine de la lumière, des biches et des cerfs. Il l’avait achetée, y travaillait âprement mais ses économies n’y suffisaient pas. Certes, sa femme, Mary, l’aidait, le réconfortait : « Elle sentait bon, ses doigts glissaient sur lui à la manière des rondins de bois qui dévalent une cascade sans jamais se retourner. » Il accepta tous les boulots, s’épuisa, le jour à la scierie, la nuit à la gendarmerie, à trier jusqu’au cauchemar les fiches d’identification de meurtriers, notamment celles des assassins d’enfants… Est-ce cette proximité avec le crime ? Il est sombre, violent, parle peu.


Et Thomas est né. Généreux, rieur, bon élève, il apparaissait fragile et vulnérable, l’opposé de son père. Ainsi, en dépit de l’alcool, de la fatigue lancinante, de la violence, la vie semblait possible et belle… Jusqu’à l’accident : à la scierie, la machine a dérapé, broyé une main ; et la gangrène, avide, a emporté William Hogan sans qu’O’Brien, l’ami médecin, ait pu faire quoi que ce soit.


À quel moment Thomas, le fils, a-t-il basculé ? Lorsque Paul, l’ami d’enfance, son alter ego, l’a trahi pour rejoindre la bande de Calvin ? Lorsqu’il a découvert le Blue Budd, le poker et l’alcool de poire ? Lorsque Donna, l’assistante du Doc’ l’a entraîné derrière la scierie maudite ?

Mon avis :

J'avais hâte de lire ce livre, ayant beaucoup apprécié Trois saisons d'orage et Le cœur du pélican.  J'ai un peu moins aimé celui-ci : trop pesant, trop violent, à un moment où j’aurais plutôt voulu une lecture un peu plus douce. Mais tout de  même... qu'elle écriture ! 

Une écriture franche, imagée, puissante. Une écriture qui sait créer les atmosphères et mettre l'accent sur la psychologie des personnages. Comme pour ses autres livres, il m'a semblé ressentir l'histoire plus que je ne l'ai lu. Il y a dans la plume de Cécile Coulon quelque chose de sensitif : je n'ai eu aucun mal à visualiser les lieux et les personnages jusque dans les moindres détails, à sentir les odeurs, entendre les sons... Oui, cette écriture se ressent et c'est ce qui en fait toute la puissance.

A chaque page, on sent s'alourdir l'atmosphère et monter la tension. On se prend de plein fouet tout le mal être de Thomas et les questionnements de sa mère. La violence est là, parfois sous jacente, parfois franchement présente et elle nous oppresse tout au long de la lecture. 

Même si ce livre m'a moins plu que les autres, il n'en reste pas moins que l'écriture de son auteure force l'admiration. Il ne me reste maintenant plus qu'à découvrir ses autres livres!

Extrait :

"Personne ne savait réellement ce qui s'était passé. Les volets de la maison demeuraient clos. Les poutres pourrissaient. Aucun parent n'était venu ouvrir la bicoque depuis l'enterrement. Peu à peu,la ville engloutissait ce qui restait de la famille Hogan. Bientôt, l'histoire de Thomas devint une légende du bourg : un mauvais souvenir qui faisait peur aux gosses et alimentait les conversations de comptoir."


2 commentaires:

  1. Pas mon préfère non plus, mais que j'aime les livres de Cécile Coulon !

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  2. Le coeur du pélican m'étant tombé des mains, je passe mon tour.

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