mardi 13 août 2019

Vers l'ouest avec la nuit - Beryl Markham

Par Ariane


Auteur : Beryl Markham
Titre : Vers l’ouest avec la nuit
Genre : biographie
Langue d’origine : anglais
Traductrice : Viviane Markham
Editeur : Libretto
Nombre de pages : 320p
Date de parution : mars 2010

Présentation de l’éditeur :
« Avez-vous lu Vers l’Ouest avec la nuit ?… C’est un sacré bon livre. » Ce commentaire d’Hemingway dans sa correspondance permit dans les années quatre-vingt de redécouvrir Beryl Markham, pionnière de l’aviation dont la vie a été extrêmement aventureuse. Elle passa son enfance au Kenya et fut la première femme en Afrique à obtenir une licence d’entraîneur de chevaux de course. Elle découvrit l’aviation à l’âge de trente ans et effectua pendant plusieurs années des vols entre le Kenya, le Soudan et la Rhodésie, transportant des passagers, du courrier, des médicaments et ravitaillant les safaris. En 1936, elle fut la première à traverser l’Atlantique Nord, seule à bord de son mono-moteur. Elle décolla d’Abingdon en Angleterre et atterrit vingt et une heures et vingt-cinq minutes plus tard sur le continent américain où elle reçut un accueil triomphal. Vers l’Ouest avec la nuit est le vibrant témoignage d’une femme éprise de liberté, d’une « voyageuse insatiable », comme Beryl se qualifiait elle-même.

Mon avis :
Entraîneuse de chevaux de course et pionnière de l’aviation, Beryl Markham était aussi douée pour l’écriture. Dommage qu’elle n’ait écrit qu’un seul livre.
Ce livre, ce sont ses mémoires, rédigées alors qu’elle n’avait pas 40 ans. Racontant une série de morceaux choisis de son enfance et de sa vie d’adulte, elle nous entraîne à la chasse sur les pistes africaines, sur les champs de courses et dans les écuries, avec elle nous survolons l’Afrique, observons les troupeaux et traversons l’Atlantique.
Ce qui ressort principalement de ce texte, c’est la personnalité hors normes de Beryl Markham, bien éloignée de ce que l’on attend d’une femme de son milieu et de son époque. Pourtant elle parle peu d’elle-même et n’évoque pas du tout sa vie privée sulfureuse ni son enfant. L’Afrique, les chevaux et l’aviation, voilà ce qui comptait plus que tout pour elle.
Beryl Markham aurait aussi pu être une grande écrivaine. Son écriture est vibrante et vivante, on ressent sa personnalité passionnée. Et sous sa plume, revit une Afrique magnifique, mystérieuse et sauvage. Avec une écriture si affirmée, difficile d’imaginer qu’il n’y ait eu qu’un livre.
J’avoue tout de même ne pas avoir adhéré aux scènes de chasses à l’éléphant. Beryl elle-même ne semble pas avoir vraiment cautionné la pratique, bien qu’elle ait à de nombreuses reprises repéré des troupeaux pour les chasseurs et participé à des chasses.
Un livre et un personnage à découvrir absolument.

Extrait :
« (…) les êtres humains ont tiré, à la loterie de l’évolution chère à M ? Darwin, le ticket gagnant et la souche qui va avec. Voilà sans doute pourquoi nous sommes si merveilleux, pourquoi nous savons faire des fils, des rasoirs électriques et des appareils de radio – et des fusils pour tuer les éléphants, les lièvres, les pigeons d’argile, et nos semblables. »

« Une carte vous dit : « Lis-moi attentivement, suis-moi fidèlement, ne doute pas de moi. » Elle dit : « quand tu me tiens dans le creux de ta main, c’est la terre que tu tiens. Sans moi, tu es seul, tu es perdu. »
Et c’est la stricte vérité. Si toutes les cartes du monde étaient détruites et anéanties sous l’empire d’une volonté malfaisante, tous les hommes redeviendraient des individus aveuglés par leur isolement, les villes seraient occupées les unes des autres, et les bornes n’indiqueraient plus que des directions inutiles, qui ne mèneraient à rien.
Pourtant une carte, lorsqu’on la regarde, qu’on la sent, qu’on parcourt ses lignes du doigt, n’est qu’un objet froid et terne, sans humour, né d’un compas et d’une planche à dessin. Le contour de cette côte, ce tracé anguleux fait à l’encre écarlate, ne nous montre ni le sable, ni la mer, ni les rochers ; il ne nous parle pas du marin qui s’est bravement lancé toutes voiles dehors sur des mers encore vierges, pour léguer à la postérité une information inestimable maladroitement dessinée sur une peau de mouton ou une tablette de bois. Pour un regard inattentif, cette tache brune représente tout simplement une montagne, mais pour l’escalader, il se peut que vingt hommes, ou dix, aient risqué et donné leur vie. Ici il y a une vallée, là un marécage, et là un désert ; et ici il y a une rivière, dont le tracé a été pour la première fois tracé par les pieds écorchés de quelque individu audacieux, guidé par sa curiosité comme un crayon dans la main de Dieu.
Vous avez votre carte en main ? Dépliez-la utilisez-la, puis jetez- la si vous voulez. Ce n’est qu’un morceau de papier. Ce n’est que du papier et de l’encre, mais si vous y réfléchissez un peu, si vous y pensez un instant, vous constaterez que ces deux substances se sont rarement conjuguées pour fabriquer un document aussi modeste et pourtant aussi révélateur d’entreprises téméraires ou de conquêtes historiques. »

6 commentaires:

  1. Ah quel livre! J'ai vraiment aimé http://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2011/12/vers-louest-avec-la-nuit.html et à relire mon billet je sens que je craquerais encore!

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    1. Ton commentaire me rappelle que depuis un moment j'ai oublié de mettre les liens vers les autres articles ! Je vais corriger ça.

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  2. Deux avis enthousiastes pour ce roman.

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  3. ah oui pour ce dépaysement! Je note !

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