Par Ariane
Auteur : Aki Shimazaki
Titre : Le poids des secrets (pentalogie)
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Babel
Mon avis :
Parfois on se met des idées en tête. Je n’aime pas la littérature japonaise. C’est ce que je me suis dit pendant des années, après plusieurs lectures qui ne m’avaient pas du tout plu. Mais lors d’une réunion de mon club de lecture, une lectrice m’a prêté cette pentalogie, certaine qu’elle me plairait et j’ai été enchantée par cette lecture.
Le 9 août 1945, une bombe atomique est larguée sur la ville de Nagasaki, tuant instantanément des milliers de personnes. Yukiko a survécu. Des années plus tard, elle écrit une lettre et révèle à sa fille le secret qu’elle a caché toute sa vie.
Difficile de faire un résumé, car dans ces cinq romans, la même histoire est racontée par différents personnages. Ou plutôt un bout de l’histoire. Les récits et les voix s’entremêlent, le fil se déroule non pas de manière linéaire, mais s’enroulant sur lui-même, promenant le lecteur à travers plusieurs décennies d’histoire familiale et japonaise. L’intrigue est brillamment construite et jamais redondante, chaque personnage vient apporter un éclairage nouveau à l’histoire.
Les livres sont très courts et se dévorent, mais ils méritent une seconde lecture. Cette fois pour savourer la délicatesse de l’écriture, épurée et subtile. Je ne dirai plus désormais que je n’aime pas la littérature japonaise… Merci Katell !
Extraits :
« C'étaient les camélias qui fleurissent en hiver. Dans la campagne près de Tokyo, quand il neigeait, je trouvais les fleurs dans le bois de bambous. Le blanc de la neige, le vert des feuilles de bambous et le rouge des camélias. C'était une beauté sereine et solitaire. » (Tsubaki)
« Je marche quelques pas derrière ma mère pour aller à
l'église. Je vois sa jupe évasée s'agitant au rythme de sa marche et de ses
longs cheveux noirs. Les couleurs des fleurs d'hortensia. Le bruit de la pluie,
qui tombe sur le parapluie de papier huilé. Les escargots. La barbe noire de
l'homme étranger. La silhouette de la petite fille s'éloignant avec son père.
Et le bruit du coquillage.
Ces images sont gravées si profondément dans ma mémoire que jamais elles n'ont
pâli avec le temps. » (Hamaguri)
« Je lève les yeux.
Couvert de nuages épais, le ciel s'étend à l'infini. Il fait anormalement chaud
et humide pour une fin d'été. C'est encore le matin. Pourtant, je sens ma
chemise déjà trempée de sueur.
Au-dessus de moi, un couple d'hirondelles passe rapidement. Elles vont et
viennent entre le toit d'une maison et un fil électrique. Elles partiront
bientôt vers un pays chaud. J'aimerais bien voyager librement comme elles.
Ma mère m'a dit une fois : " Si on pouvait renaître, j'aimerais renaître
en oiseau. " » (Tsubame)
« Il pleut tous les jours. C'est la saison des pluies. Je vais au laboratoire à pied. En marchant, je vois partout des hortensias en fleurs. Je m'arrête et les regarde émerveillé par la beauté de toutes ces couleurs vives. Lorsque je trouve un escargot entre des feuilles, je me souviens de mon enfance passée avec Sono. Je lui rendais visite après l'école. Dans son petit jardin, je cherchais des escargots et les mettais dans une bouteille avec des feuilles mouillées. Je me plaisais à observer ces petites bêtes. Je me demande "où est Sono maintenant ?". » (Wasurenagusa)
« J’entendais le doux bruit de l’eau. Je voyais une luciole émettre de la lumière dans une touffe d’herbe. Je me suis assise sur une pierre. En fixant mon regard sur la surface de l’eau, je pensais distraitement : « Si l’eau était assez profonde, je pourrais me jeter dedans… » (Hotaru)
Bon souvenir de lecture, cette pentalogie, lue lors d'une coupure d'électricité il y a longtemps (une sorte d'entraînement pour l'hiver prochain?^_^)
RépondreSupprimerMieux vaut être prêts...
SupprimerJ'ai beaucoup aimé aussi. Je peux comprendre les réticences vis-à-vis de la littérature japonaise, que je lis de temps en temps, et à laquelle je trouve souvent une dimension désincarnée, sans parvenir à savoir si elle est due à une influence culturelle ou à la traduction.
RépondreSupprimerDésincarnée, c'est tout à fait juste et cela m'a plu ici.
SupprimerEh bien j'ai la même idée en tête, une certaine méfiance à l'égard des romans japonais à cause de mauvaises expériences. Il faudrait commencer par Le Poids des secrets, alors?
RépondreSupprimerExactement !
SupprimerBonsoir, oui, cette pentalogie est vraiment bien mais il ne faut pas oublier qu'Aki Shimazaki qui est née au Japon, vit au Canada, écrit en français. Bonne soirée.
RépondreSupprimerC'est vrai, je n'y avais pas pensé.
SupprimerJ'avais découvert l'autrice avec cette pentalogie justement. Je continue depuis à lire ses romans, tous plus ou moins emmêlés les uns aux autres. J'aime beaucoup.
RépondreSupprimerEn tout cas j'ai bien envie de continuer à la lire.
SupprimerMa pentalogie préférée de l'auteure.
RépondreSupprimerJ'ai cru comprendre qu'elle s'était fait une spécialité de ce format.
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