Par Ariane
Auteur : Yasmina Khadra
Titre : Les vertueux
Genre : roman
Langue d’origine : français
Editeur : Mialet Barraud
Nombre de pages : 544p
Date de parution : août 2022
Mon avis :
Je garde un bon souvenir de mes précédentes lectures de Yasmina Khadra (notamment La nuit du Raïs) et j’étais très contente de le retrouver avec un nouveau roman.
Yacine est un jeune paysan algérien qui se voit proposer par le Caïd de sa région, un marché qu’il ne peut pas vraiment refuser : partir en France combattre les boches à la place de son fils atteint d’une maladie cardiaque. En échange, Yacine recevra des terres à son retour. Le choix est vite fait, d’autant plus qu’en cas de refus, Yacine sera tué et sa famille déshonorée et expulsée du village… C’est ainsi que Yacine rejoint les tirailleurs algériens et part combattre en France. A son retour, il s’attend à la récompense promise, mais le Caïd a menti. Yacine est désormais en fuite et entame une Odyssée qui le ramènera peut-être enfin auprès des siens.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture au véritable souffle romanesque. Il y a un peu de Candide dans l’histoire de Yacine, personnage innocent et naïf, qui subit une succession de malheurs aussi navrants que cocasses. Le roman a des aspects de conte philosophique et moral. Mais c’est aussi une fresque historique intéressante sur l’Algérie dans l’entre-deux guerres. Je me suis particulièrement intéressée aux parties consacrées aux RTA et à la première guerre mondiale. Et bien sûr quel plaisir de lire l’écriture, fluide et alerte de Yasmina Khadra.
Toutefois, plusieurs semaines après ma lecture, je dois reconnaître qu’il ne m’en reste pas grand-chose… C’est dommage, car malgré le plaisir, ça n’aura pas été une lecture marquante. De plus, je trouve que l’ensemble reste assez classique. Et si j’ai beaucoup aimé les premières parties, mon intérêt a été moindre ensuite et je n’ai pas été vraiment convaincue par la fin.
Malgré ces quelques bémols, j’ai bien aimé cette lecture et je vous conseille ce roman notamment pour le plaisir de lire Yasmina Khadra.
Extrait :
« Encore une chose qu'il faut que tu saches : l'existence est une belle vacherie. Chacun y a droit à son lot de soucis. Le pauvre parce qu'il manque de tout, le riche parce qu'aucune fortune ne lui suffit. »
« Et il n'y a rien de pire que la guerre. Rien n'est tout à fait fini avec la guerre, rien n'est vaincu, rien n'est conjuré ou vengé, rien n'est vraiment sauvé. Lorsque les canons se tairont et que les charniers repousseront les prés, la guerre sera toujours là, dans la tête, dans la chair, dans l'air du temps faussement apaisé, collée à la peau, meurtrissant les mémoires, noyautant chacune de nos pensées, entière, pleine, totale, aussi indécrottable qu'une seconde nature. »
« Les hommes vrais ont la larme facile parce qu'ils ont l'âme près du cœur. Quant à ceux qui serrent les dents pour refouler leurs sanglots, ceux-là ne font que mordre ce qu'ils devraient embrasser. »
« Là-bas, dans mon douar, le monde était si petit que j'aurais pu le contenir dans le creux de ma main. Je ne risquais pas de me perdre. Toutes les questions étaient réglées. On ne se les posait pas, puisqu'on avait la réponse : on ne rattrape pas la comète. Chacun assumait son malheur et attendait du ciel autre chose qu'un obus. Mais ici, au milieu de l'immense gâchis défigurant la plaine, j'étais complètement perdu. »
« Quelle misère ! A croire que le diable protège mieux ses suppôts que le bon Dieu ses saints, que les prières ne portent pas plus loin qu'un jet de crachat, que le sort, en croupier sourd, aveugle et muet, n'en fait qu'à sa tête, qu'il lance la boule et se moque éperdument de savoir sur quelle case elle va s'arrêter. »
C'est ce que je reproche à l'auteur : après quelques temps, il ne m'en reste aucun souvenir.
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