mardi 6 août 2019

L'île des chasseurs d'oiseaux - Peter May

Par Ariane


Auteur : Peter May
Titre : L’île des chasseurs d’oiseaux
Genre : roman policier
Langue d’origine : anglais
Traducteur : René Dastuge
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 432p
Date de parution : novembre 2011

Présentation de l’éditeur :
Chargé de l'enquête sur un assassinat commis à Édimbourg, Fin Macleod est envoyé sur son île natale de Lewis, en Écosse, quand un second cadavre apparemment exécuté selon le même modus operandi y est découvert. Persuadé que les deux affaires ne sont pas liées, Fin doit composer avec un décor et des gens qu'il a quittés dix-huit ans auparavant... Sur fond de traditions ancestrales d'une cruauté absolue, Peter May compose un roman palpitant parsemé de fausses pistes, de scènes glaçantes et de personnages aussi frustes que menaçants.

Mon avis :
Le jeune Fin MacLeod a quitté l’île de Lewis pour entrer à l’université. Dix-huit ans plus tard, devenu policier et en plein deuil suite au décès de son fils, il doit retourner sur son île natale. Un meurtre y a été commis dans des circonstances similaires à une affaire en cours.
Excellent ! Je me suis lassée des romans policiers trop souvent décevants, avec des histoires bancales, des personnages stéréotypés et un style ennuyeux. Heureusement, certains sortent du lot, comme les romans de Craig Johnson ou ce roman de Peter May. Le parallèle entre les deux auteurs n’est d’ailleurs pas fortuit.
Fin est à la croisée des chemins de sa vie. Il envisage de quitter la police, vient de perdre son fils et son mariage ne survivra probablement pas à cette perte tragique. Alors que son avenir est des plus incertain, le voilà donc obligé de retourner sur l’île qu’il a quittée et se voit bien obligé de se confronter à ses souvenirs, ses regrets et ses erreurs.
A Lewis, il retrouve ses anciens amis. La vie ne les a pas gâtés bien au contraire. Les enfants enthousiastes que nous découvrons dans les flashbacks de l’enfance de Fin sont devenus des adultes désabusés. Artair l’ami fidèle est un alcoolique qui végète dans un boulot minable, Marsaili la charmante fillette blonde est une femme au foyer triste, Donald le rebelle est désormais un austère homme d’église,… De ces vies ratées, il se dégage une profonde tristesse.
Et enfin il y a l’île de Lewis elle-même. Une île hors du temps, battue par les vents, où la vie est rude et le poids des traditions bien présent. L’une d’entre elles est d’ailleurs au cœur du roman et lui a inspiré son titre. Tous les ans, une équipe de dis hommes met le cap pour Sula Sgeir, une petite pile inhabitée si ce n’est par une importante colonie de fous de bassan. Pendant deux semaines, les hommes de Lewis vont capturer, tuer et préparer deux mille jeunes fous de bassan, appelés guga.
L’intrigue policière n’occupe finalement qu’une place mineure dans le récit, elle sert de toile de fond à l’histoire, ou plutôt aux histoires, de Fin et de ses compagnons d’enfance. Les souvenirs de Fin viennent aussi apporter quelques pistes sur le meurtre brutal qui a justifié le retour de Fin sur l’île. Il faut dire que la victime, Angus, ironiquement surnommé Ange, était une brute qui a terrorisé leur enfance.
Un coup de cœur pour un roman policier c’est rare, mais là je suis complétement conquise aussi bien par l’histoire, par l’écriture de Peter May que par l’île de Lewis. Les cocotiers ça ne m’a jamais fait rêver ! Alors vite, vite, un autre !

Extrait :
« Rire avait permis à Fin de se libérer de la tension accumulée à cause de cette rencontre avec un ami qui était devenu un inconnu. Ils étaient à nouveau des camarades d'école, riant bêtement en se racontant leurs souvenirs d'enfance. Peu importe s'ils s'étaient éloignés l'un de l'autre entre-temps, ils auraient toujours leurs souvenirs en commun. Un lien à vie. »

« Il n'y avait pas de mots pour décrire la tristesse qu'il éprouvait à voir son ami d'enfance aussi amer. la vie passait en un éclair, comme un bus pendant une nuit pluvieuse à Ness. Il fallait s'assurer d'être vu pour qu'il s'arrête et que vous puissiez y monter, sans quoi il partait sans vous, et vous vous retrouviez obligé de rentrer chez vous à pied, dans le vent et sous la pluie. Il se disait qu'à sa manière il était comme Artair, poursuivi par l'idée de ce qui aurait pu être, d'avoir raté ce bus. rendu amer par ses échecs. Le regarder lui renvoyait sa propre image, et il n'aimait pas ce qu'il voyait. »

« Il trouvait cela extraordinaire de voir à quel point il avait changé pendant cette période alors qu'ici, là où il avait grandi, presque rien n'avait changé. Il avait l'impression d'être un fantôme hantant son propre passé, errant dans les rues de son enfance. »

« A Ness les nouvelles se répandent à la vitesse du feu sur la tourbe sèche, attisées par le vent des spéculations et de la rumeur. »

« Un bateau n'est qu'un tas de bois et de métal, fiston. Le seul cœur qu'il a, c'est celui de ceux qui le font naviguer. »

« La route de Barvas serpentait vers l'extérieur de Stornoway, tournant le dos à des points de vue spectaculaires vers Coll, Loch a Tuath et Point. La lumière du soleil faisait scintiller la baie, et des nuages aux formes torturées poursuivaient leur ombre sur une eau d'un bleu profond. Droit devant, s'étendaient vingt kilomètres de lande à travers laquelle la route filait, toute droite, en direction du nord-ouest, vers le petit village côtier de Barvas. C'était un paysage maussade, mais qu'un simple rayon de soleil pouvait transfigurer. Fin connaissait bien la route. Il l'avait empruntée en toute saison et n'avait jamais cessé d'être émerveillé de voir à quel point ces hectares ininterrompus de tourbe sans caractère pouvaient changer au fil des mois, en une journée, voire en une minute. La couleur de paille sèche de l'hiver, les tapis de minuscules fleurs blanches au printemps, les mauves saisissants de l'été. A leur droite, le ciel avait noirci et il pleuvait certainement sur l'arrière-pays. A gauche, par contre, le ciel était presque clair et le soleil inondait la campagne. Ils pouvaient apercevoir au loin la silhouette des montagnes de Harris. Fin avait oublié à quel point le ciel d'ici était immense. »

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5 commentaires:

  1. J'ai beaucoup aimé la trilogie, le décor est aussi important que l'intrigue.

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    1. Le genre d'endroit qui me fait rêver ! Les Bahamas c'est pas mon truc !

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  2. J'ai ce livre sur ma PAL depuis...je ne sais pas pourquoi, je repousse sans cesse alors que je vois souvent des billets enthousiastes.
    Il se situe où dans la trilogie celui-ci?

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