Auteur :
Giosué Calaciura
Titre :
Borgo vecchio
Genre :
roman
Langue
d’origine : italien
Traductrice :
Lise Chapuis
Editeur :
éditions noir sur blanc
Nombre de
pages : 160p
Date de
parution : août 2019
Présentation de l’éditeur :
Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort, camarades
de classe et complices d’école buissonnière. Cristofaro qui, chaque soir,
pleure la bière de son père. Mimmo qui aime Celeste, captive du balcon quand
Carmela, sa mère, s’agenouille sur le lit pour prier la Vierge tandis que les
hommes du quartier se plient au-dessus d’elle. Tous rêvent d’avoir pour père
Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s’il
détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa
chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s’en servir. Un
pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour
sauver son ami d’une mort certaine.
Mon avis :
C’est avec la revue Page
que je fais en général mes premiers repérages de la rentrée littéraire. Cette
année, peu de romans m’ont attirée au premier abord. Mais parmi eux, celui-ci,
le premier sur ma liste de repérages ! En lisant le résumé, je m’étais imaginé
un roman à mi-chemin entre la saga L’amie prodigieuse d’Elena Ferrante et les
romans e Luca Di Fulvio. Impossible dès lors de passer à côté. Mais ce roman m’a
réservé quelques surprises.
Je n’avais pas fait attention au nombre de pages et je
pensais avoir affaire à un petit pavé. Première surprise donc quand je l’ai eu
en mains à la bibliothèque, c’est un tout petit roman, 160 pages à peine.
Deuxième surprise, le roman lui-même bien différent de ce
que j’imaginais, car si l’univers de l’histoire (un quartier populaire de
Palerme, des gamins confrontés à la misère et à la cruauté du monde) peut
rappeler Luca di Fulvio et Elena Ferrante, la construction du récit et le style
de l’auteur l’en éloignent totalement. Il y a ici des airs de fable, de
tragédie antique modernisée même, le tout empreint d’un réalisme magique que l’on
trouve plus souvent sous la plume des auteurs sud-américains. Fabuleux, magique
et tragique, les trois termes décrivent assez bien pour moi ce roman. Si cela n’a
pas convaincu certains lecteurs, ça a totalement fonctionné avec moi. Je me
suis plongée dans cette histoire, auprès de ces personnages si attachants, dans
ce quartier misérable et magnifique à la fois. Et l’écriture ! J’ai
tellement aimé cette écriture poétique, entre réalisme et fantastique, lors
même que l’auteur nous décrit des scènes terribles.
Assurément ce roman fait partie de ceux que je n’oublierai
pas de sitôt, tout comme ses personnages Mimmo le gentil garçon qui rêve de
sauver ses amis, Cristofaro qui pleure chaque jour sous les poings de son père
tandis que la quartier attend le silence, Celeste plongée dans ses livres
pendant que sa mère travaille dans la chambre, Carmela la prostituée qui aime
comme elle prie, Toto le voleur qui cache un cœur d’or et bien sûr le cheval
Nana une autre victime de la bêtise des hommes. Une histoire singulière et
magnifique.
Extrait :
« L’odeur du pain traversa la place anéantissant les
efforts vespéraux des agrumes captifs sur les étals du marché, désireux de
laisser une dernière trace olfactive dans la nuit, elle effaça l’illusion de printemps
contenue dans le mystère odorant du pomélia, prit possession des carrefours et
resta en garnison dans les ruelles et les tavernes afin que personne n’échappe
à son étreinte. Elle atteignit le moribond du troisième étage qui, à travers
ses râles, prenait congé de sa famille en larmes, et éclaira son agonie d’une
involontaire perfidie en lui faisant sentir, à l’instant des derniers spasmes,
combien il était atrocement douloureux de se séparer du parfum du pain et de la
vie. »
« Au Borgo Vecchio, tout le monde savait que Cristofaro
pleurait chaque soir la bière de son père. Après le dîner, assis devant la
télévision, les voisins entendaient les hurlements qui couvraient tous les
bruits du Quartier. Ils baissaient le volume et écoutaient. Selon les cris, ils
pouvaient deviner où il le frappait, à coups de poing secs, précis. A coup de
pied aussi, jamais au visage. Le père de Cristofaro tenait à l’honneur de son
fils : personne ne devait voir l’outrage des bleus. »
Je suis complètement passée à côté de ce conte moderne.
RépondreSupprimerOui, j'ai lu ton billet. Comme quoi les avis sont très différents !
SupprimerIl est dans ma pile à lire, mon mari l'a beaucoup aimé (et il est difficile à satisfaire ! ;-) )
RépondreSupprimerJ'espère qu'il sortira vite de ta pile, j'ai hâte de connaître ton avis !
SupprimerJe n'ai pas du tout remarqué ce roman ; tu m'intrigues, je vais voir si la bibliothèque l'a acheté.
RépondreSupprimerIl y a tellement de parutions à la rentrée que beaucoup passent inaperçus. Mais ce petit roman mérite d'être mis en avant.
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