Prix des libraires 2011
Auteur :
Valentine Goby
Titre :
Kinderzimmer
Genre :
roman
Langue
d’origine : français
Editeur :
Actes Sud
Nombre de
pages : 224p
Date de
parution : août 2013
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plusieurs dizaines de milliers de détenues. Mila a vingt-deux ans quand elle arrive à l’entrée du camp. Autour d’elle, quatre cents visages apeurés. Dans les baraquements, chacune de ces femmes va devoir trouver l’énergie de survivre, au très profond d’elle-même, puiser chaque jour la force d’imaginer demain.
Et Mila est enceinte mais elle ne sait pas si ça compte, ni de quelle façon.
Mon avis :
Comme tout le monde j’ai vu tant de films et lus tant de livres sur l’enfer des camps de concentration que je croyais tout savoir, ce qui est trop et rien à la fois. Mais je ne connaissais pas vraiment ces camps féminins et encore moins la kinderzimmer, cette chambre destinée à accueillir les bébés nés au camp, un mouroir plus qu’une nursery. A vrai dire j’avais toujours imaginé que les femmes enceintes étaient aussitôt exécutées ainsi que les nouveau-nés qui naîtraient par hasard dans les camps. Et étant donné les conditions de vie je n’aurais jamais imaginé qu’une grossesse puisse être menée à son terme tout en restant inaperçue. Et pourtant…
Mon avis :
Comme tout le monde j’ai vu tant de films et lus tant de livres sur l’enfer des camps de concentration que je croyais tout savoir, ce qui est trop et rien à la fois. Mais je ne connaissais pas vraiment ces camps féminins et encore moins la kinderzimmer, cette chambre destinée à accueillir les bébés nés au camp, un mouroir plus qu’une nursery. A vrai dire j’avais toujours imaginé que les femmes enceintes étaient aussitôt exécutées ainsi que les nouveau-nés qui naîtraient par hasard dans les camps. Et étant donné les conditions de vie je n’aurais jamais imaginé qu’une grossesse puisse être menée à son terme tout en restant inaperçue. Et pourtant…
C’est dur. Vraiment dur. Comme tous les récits ou romans
traitant des camps de la mort j’imagine. Mais il y a quelque chose de
particulièrement violent et bouleversant à l’idée de ces bébés nés dans ces
camps. La naissance d’un enfant dans cet endroit, dans ces conditions semble
incroyable. Comment la vie peut-elle apparaître dans ce lieu de mort ? Un
bébé c’est l’innocence pure, la force de la vie, l’espoir en l’avenir. Grâce à
ces bébés leurs mères et les autres femmes gardent une petite lueur d’espoir.
Mais ces bébés sont condamnés à mourir à brève échéance
faute de soins, de chaleur, de lait (comment décrire le sentiment de haine que
l’on peut ressentir envers ces femmes-gardes qui prennent le lait destiné aux
bébés pour le donner à des chatons, alors que les bébés meurent de faim ?
Pour l’infirmière également qui câline les bébés comme des petits animaux puis
rie de voir les rats les mordre ?). Alors la solidarité est là. Les femmes
s’unissent, s’entraident pour tenter de sauver ces bébés, volant des bouts de
tissus pour faire des couches, un morceau de charbon pour chauffer la pièce, un
morceau de pain supplémentaire à la mère allaitante. Car il n’est pas seulement
question des camps ni des bébés dans ce livre. L’amitié et l’humanité sont
aussi au centre de l’histoire. C’est bouleversant d’humanité.
J’ai été happée par cette histoire mais j’ai quand même eu
beaucoup de mal à la lire. Pas seulement à cause de l’histoire en elle-même
mais aussi à cause du style de l’auteur. L’écriture est âpre, rêche, râpeuse.
Ce sont les qualificatifs qui me viennent à l’esprit. Les mots, leur rythme
heurte. C’est violent, dérangeant. Ce langage aride et dépouillé convient
parfaitement à cette histoire.
Je ne suis pas sûre que le mot « aimer » convienne
à ce livre mais j’ai appris de cette lecture.
Extrait :
« Wie heisst er ? demande la Schwester, comment il s’appelle ? Mila regarde l’enfant. James, dit-elle sans réfléchir, comme s’il avait parlé pour elle. Elle n’y avait pas pensé, pas choisi de prénom, pour ça elle attendait que l’enfant ne soit pas mort. Les lettres s’agrègent les unes aux autres et dans l’épuisement, la douleur qui la rouent, James lui plaît, James comme son père, un accord inattendu, déroutant et ouvert : la do do mi fa#, auquel il faut une suite, qui appelle résolution, un prénom de commencement. Pouvoir nommer, c’est une joie violente, plus encore que celle de voir le visage de l’enfant, plus que celle d’être mère – elle a peur d’être mère. Mais nommer quelque chose qui n’appartient pas complètement au camp, quelque chose à soi. James. Prononcer, décider James, quitter le camp. Le temps de dire James prendre ses jambes à son cou et franchir les hauts murs. »
D'autres avis chez Brize, Mimi, Jostein, Micmélo, Eva, Professeur Platypus, Sandrion, Chapitre onze,
Extrait :
« Wie heisst er ? demande la Schwester, comment il s’appelle ? Mila regarde l’enfant. James, dit-elle sans réfléchir, comme s’il avait parlé pour elle. Elle n’y avait pas pensé, pas choisi de prénom, pour ça elle attendait que l’enfant ne soit pas mort. Les lettres s’agrègent les unes aux autres et dans l’épuisement, la douleur qui la rouent, James lui plaît, James comme son père, un accord inattendu, déroutant et ouvert : la do do mi fa#, auquel il faut une suite, qui appelle résolution, un prénom de commencement. Pouvoir nommer, c’est une joie violente, plus encore que celle de voir le visage de l’enfant, plus que celle d’être mère – elle a peur d’être mère. Mais nommer quelque chose qui n’appartient pas complètement au camp, quelque chose à soi. James. Prononcer, décider James, quitter le camp. Le temps de dire James prendre ses jambes à son cou et franchir les hauts murs. »
D'autres avis chez Brize, Mimi, Jostein, Micmélo, Eva, Professeur Platypus, Sandrion, Chapitre onze,
J'ai un problème avec les romans sur ces thèmes-là, parce que j'ai lu surtout des documents. Je le lirai peut-être, mais pas tout de suite.
RépondreSupprimerQu'est-ce qui te dérange avec les romans sur ce thème ? C'est un très bon roman en tout cas.
SupprimerJ'ai été très touchée par cette lecture, je n'ai pas ressenti la rugosité de l'écriture dont tu parles, mais c'est violent et dérangeant, oui, et j'aime quand un livre me fait ressentir ça
RépondreSupprimerCette violence des mots m'a parfois dérangée effectivement, j'avais parfois besoin de faire des pauses.
SupprimerC'est un très beau livre en effet, très dur mais tellement fort. La solidarité de ces femmes pour ne vivre ne serait-ce qu'une heure de plus est admirable...
RépondreSupprimerJ'ai aussi été très touchée par la solidarité entre ces femmes. S'entraider était aussi une façon de sauvegarder leur humanité dans ce chaos déshumanisant. C''est beau et émouvant tout simplement.
SupprimerAriane
Ça me gêne que l'on romance ce genre d'évènements, on ne pourra jamais rendre compte de cette réalité là. Mais la génération qui l'a vécue étant en train de disparaître, je trouve nécessaire que les romanciers s'emparent du sujet.
RépondreSupprimerJe ne suis pas vraiment du même avis. Certains romanciers tout comme certains réalisateurs par la fiction ont parfaitement rendu compte de la réalité des choses. Un personnage fictif peut finalement représenter les millions de victimes, un peu sur le principe de la tombe du soldat inconnu qui incarne les millions de victimes d'une guerre.
SupprimerAriane
Je suis peut-être le seul mais je n'ai pas du tout aimé ce livre. J'ai détesté le style de l'auteure si bien que j'ai abandonné ma lecture...
RépondreSupprimerLe style est très déroutant c'est vrai. J'ai également été dérangée au départ et j'ai failli abandonner mais j'ai persisté et je ne le regrette pas car une fois habituée à ce style j'ai apprécié cette lecture.
SupprimerAriane