mardi 2 décembre 2014

Terre des oublis - Duong Thu Huong

 Par Ariane


Grand Prix des lectrices de Elle 2007
Auteur : Duong Thu Huong
Titre : Terre des oublis
Genre : roman
Langue d’origine : vietnamien
Traducteur : Huy Duong Phan
Editeur : Sabine Wespieser
Nombre de pages : 794p
Date de parution : janvier 2006 

Présentation de l’éditeur : 
Alors qu'elle rentre d'une journée en forêt, Miên, une jeune femme vietnamienne, se heurte à un attroupement : l'homme qu'elle avait épousé quatorze ans auparavant et qu'on croyait mort en héros est revenu. Entre-temps Miên s'est remariée avec un riche propriétaire terrien, Hoan, qu'elle aime et avec qui elle a un enfant. Mais Bôn, le vétéran communiste, réclame sa femme. Sous la pression de la communauté, Miên retourne vivre avec son premier mari. Au fil d'une narration éblouissante, l'auteur plonge dans le passé de ces trois personnages, victimes d'une société pétrie de principes moraux et politiques, tout en évoquant avec bonheur la vie quotidienne de son pays, ses sons, ses odeurs, ses couleurs... Terre des oublis, roman de l'après-guerre du Viêt-Nam, est un livre magistral.

Mon avis :

Waouh ! Quelle écriture magnifique ! Dès les premières lignes j’ai été envoutée par la plume de l’auteur, transportée au Vietnam, c'est un véritable dépaysement. Les odeurs, les sons, les paysages tout est si magnifiquement dépeint. Et quel formidable travail de traduction accompli par Huy Duong Phan à la hauteur de la plume de l’auteur.

Au-delà de l’écriture j’ai également été happée par l’histoire. Ou plutôt par les trois personnages de Miên, Bôn et Hoan. Tous trois extrêmement attachants. L’on est plongé alternativement dans les pensées et le passé de chacun, leurs espoirs et leurs peurs. Tels les héros des tragédies antiques ces trois personnages sont prisonniers de leur destin et semblent incapables de dénouer les fils qui les retiennent. Prisonniers aussi d’une société, de ses codes et de ses valeurs.

Cette société vietnamienne justement je ne la connais pas du tout. Et j’ai aimé découvrir cette culture si éloignée de ce que je connais mais si fascinante. Mais pour la femme occidentale que je suis les choix des trois personnages sont totalement incompréhensibles. Comment comprendre que le sens du devoir de Miên l’oblige à quitter l’homme qu’elle aime et à se séparer de son enfant pour retourner avec ce premier mari qu’elle n’aime plus ? Comment comprendre que Hoan accepte et comprenne ce choix qui lui brise le cœur ?

Le rythme est lent, mais cette lenteur ne m’a absolument pas dérangée au contraire. Car la poésie et la beauté des mots sont telles que je me suis laissée bercer tout au long de ma lecture.

Ce livre a été un moment de pur bonheur. Certains livres nous marquent le cœur à tout jamais, ne s’effacent jamais tout à fait de notre mémoire et l’on y repense avec plaisir et nostalgie. Je pense que pour moi ce livre sera de ceux-là.

Extrait : 
«Une pluie étrange s’abat sur la terre en plein mois de juin.

D’un seul élan, l’eau se déverse à torrents du ciel, la vapeur s’élève des rochers grillés par le soleil. L’eau glacée et la vapeur se mêlent en un brouillard poussiéreux, aveuglant. Une odeur âcre, sauvage, se répand dans l’air, imprégné de la senteur des résines séchées, du parfum des fleurs fanées, des relents de salive que les oiseaux crachent dans leurs appels éperdus à l’amour tout au long de l’été et de la fragrance des herbes violacées qui couvrent les cimes escarpées des montagnes. Tout se dilue dans les trombes d’eau.

Brusquement, la pluie s’arrête, le vent tombe. L’eau dévale les ravins, la végétation gorgée d’humidité recommence à cuire dans la chaleur. Un soleil conquérant surgit de derrières les nuages dans le bleu intense du ciel. Comme après une longue séparation, le désir de la terre et de la forêt s’enflamme aveuglément, brûle de jalousie tous les êtres épris de frénésie amoureuse. Effrayés par le soleil, les papillons se terrent dans les anfractuosités. Les malheureuses abeilles cessent de rechercher le pollen. Dans le silence étouffant, seules les fleurs de bananiers éclatent, flamboient comme si leur éclat pourpre voulait échapper à la moiteur étouffante, s’évaporer dans l’air, s’envoler vers les nuages. »

Lu dans le cadre du challenge Le tour du monde en 8 ans


4 commentaires:

  1. Ravie que ce livre t'ait plu. C'est mon préféré de cette auteure.

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    1. Je vais bientôt lire Au Zénith de cette auteur et j'espère une aussi belle découverte qu'avec celui-ci.

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  2. Ca fait des années que j'ai envie de le lire, mais je ne l'ai pas encore acheter. Ton avis me pousse à pas l'oublier dans ma liste d'envies. :)

    Bonne continuation et bonne lecture.

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    1. Il fait vraiment partie de mes plus belles lectures alors je ne saurai trop te conseiller de le lire ! J'espère que tu partagera mon enthousiasme.
      Ariane

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