samedi 6 décembre 2014

Cent ans - Herbjorg Wassmo

Par Ariane



Auteur : Herbjorg Wassmo

Titre : Cent ans

Genre : roman

Langue d’origine : norvégien

Traducteur : Luce Hinsch

Editeur : Gaïa

Nombre de pages : 557p

Date de parution : février 2011


Présentation de l’éditeur : 
Cent ans retrace la vie de plusieurs générations de femmes. Celle de Sara Susanne, de sa fille Elida, et de sa petite-fille, Hjørdis. On y découvre les hommes qu'elles ont voulus, ceux qu'elles ont eus et les nombreux enfants auxquels elles ont donné naissance. La petite Herbjørg, elle, appartient à la quatrième génération de la famille. Son histoire est celle d'une fillette qui se cache dans une grange pour échapper à son regard à lui. Elle possède un carnet et un crayon jaune qu'elle taille avec un petit canif. Sa seule issue est d'écrire pour mieux gommer les embûches trop tôt tendues par la vie. Et filer vers l'avenir comme on grimpe aux arbres pour approcher les oiseaux.

Mon avis : 
Herbjorg Wassmo nous offre une magnifique fresque familiale au féminin. Il ne s’agit toutefois pas d’une multibiographie mais d’une fiction, l’auteure invente et imagine ce qu’ont pu être les existences, les rêves et les espoirs des femmes de sa famille.
Quatre femmes, quatre générations qui se succèdent :  Sara Susanne qui épouse un homme qu’elle connait à peine et qu’elle finira par aimer, Elida qui à dix-huit ans à peine épouse celui qu’elle aime passionnément, Hjordis qui comprendra très vite que l’homme dont elle est tombée amoureuse n’est pas celui qu’elle croyait, Herbjorg petite fille au lourd secret.
J’ai trouvé les personnages très justes et la plupart du temps attachants. Ces femmes soumises à leur époque et à leur destin, dévouées à leurs maris et à leurs enfants, s’oubliant totalement, renonçant à leurs rêves, travaillant sans relâche, enchaînant grossesse sur grossesse (douze enfants pour Sara Susanne, et dix pour Elida tout de même !). J’ai été particulièrement touchée par le personnage d’Elida.
Si les personnages féminins sont très marqués, les personnages masculins ne sont pas oubliés. Père, frères, fils et maris chaque personnage à sa manière se fait aimer :  Johannes le courageux, Fredrik à la santé fragile, le pasteur Jensen (qui peindra le retable de la cathédrale de Kabelvag avec Sara Susanne pour modèle),…
Herbjorg ne livre jamais explicitement son secret. Mais ses silences en disent assez. Sa peur, sa colère et sa haine de celui qu’elle n’appelle jamais Papa mais seulement lui, en disent assez long. Ce père d’ailleurs, présent tout au long des passages consacrés à l’enfance de Herbjorg, mais toujours comme une ombre qui plane autour d’elle, l’enfermant dans la honte et la souffrance. Ce personnage nous le découvrons à la toute fin du récit, dans les passages consacrés à la rencontre de Hjordis (la mère) et de Hans (lui). Il apparaît alors comme un jeune homme plutôt sympathique et charmant, amusant et amoureux de la jeune femme qu’il vient de rencontrer. Il y a un tel décalage entre ce jeune homme et lui, que c’en est effrayant.
Sous la plume d’Herbjorg Wassmo, la Norvège apparaît si belle et si vivante malgré la rudesse du climat. A tel point que j’avais l’impression de sentir le froid ! (ou alors j’ai un problème de chauffage à la maison). Un pur bonheur pour moi qui rêve de ce pays depuis toujours.
C’était ma première lecture de cette auteure et j’ai été totalement séduite.

Extrait : 
« La veille elle avait décidé de ne pas pleurer au moment où l’on viendrait chercher les enfants. Leur malheur était déjà assez grand comme ça. Quelques prières l’aidèrent peut-être, car elle arriva à se contenir une bonne partie de la nuit. Mais quand elle fut certaine que Fredrik dormait enfin, elle se leva, sortit et descendit jusqu’au bord de la mer. Là, enfin seule, elle put appuyer sa tête sur un maigre tronc de saule qui n’avait pas encore de bourgeons.
Puis, par des coups de pieds, elle envoya dans l’eau quelques pierres. Jusqu’à ce que l’odeur de la marée montante envahisse ses narines. Cette odeur d’algues pourrissantes et glacées et d’eau stagnante dans les fissures des roches lui vint curieusement en aide. Elle se souvint alors que c’était justement cette odeur, cette sale odeur, qui lui avait donné l’envie de s’en aller. Et tandis qu’elle était là dans la clarté de cette nuit froide, laissant le vent défaire sa natte et ses cheveux se déployer pour personne, séchant ses larmes, heureuse que personne ne la voie, elle prit une décision ? Ils allaient y arriver. Fredrik allait guérir. Et elle allait enfin voir et entendre autre chose que le téléphone sur le mur à Rosenhaug. Tout serait pour le mieux. »

Lu dans le cadre du challenge Le tour du monde en 8 ans

L'avis de Mimi, Keisha, Kathel,

4 commentaires:

  1. Mon préféré de l'auteure : La septième rencontre.

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  2. @clara : je ne le mettrai pas dans mes grands coups de cœur, mais c'est une lecture qui m'a beaucoup plu et m'a laissé un bon souvenir.

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